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dimanche 25 avril 2010

Cinquième épisode

Troisième scène
 
J’étais heureux. Les vols succédaient aux vols. La cartographie avançait bien. Nous avions commencé notre exploration par la périphérie de la région dite des « Marges Orientales ». Grâce à Ktanm, j’améliorais ma connaissance de l’espace. Elle sentait les lignes de forces aussi sûrement qu’un oiseau sent les courants du vent. En se déplaçant, d'une manière que je trouvais hasardeuse, Ktanm tissait sa toile de sensations. Elle m'apprenait à faire confiance au ressenti subtile des forces en présence. Je ne progressais pas assez vite à son goût. Elle avait sur moi l'avantage d'être en prise directe sur l'espace quand moi je devais passer par le truchement des organes du vaisseau. Pourtant petit à petit, il me semblait que je sentais mieux ce qui se passait dans l'univers autour de moi. La confiance me venait aussi. Nous allions passer à la phase suivante : s'enfoncer dans le pays ennemi pour y trouver les voies que ce soient les autoroutes ou les chemins de traverse. 
Pour former au mieux mes pilotes, j'avais introduit un roulement qui évitait aussi les frictions et les préférences. Toutes les décades, mon équipe de pilotes changeait. Cela me permettait aussi de former les pilotes au voyage entre les TET. Passer d'une bulle spatio temporelle à une autre nécessitait précision, courage et sang-froid. Il était vital pour eux de pouvoir réaliser un tel saut de manière réflexe. Ce n'est pas pendant un combat qu'ils pourraient affiner leur pilotage.  A quelques exceptions près, tous les pilotes étaient au niveau requis. Avant d'entamer la deuxième phase, j'avais obtenu une mise au repos de deux décades pour tous les pilotes. Les trois escadrilles furent rapatriées sur Endoor.  On nous fit atterrir sur Arche 12. De là, chacun put rejoindre un point de l'Empire qui lui tenait à coeur. Je n'avais pas de doute sur leur retour dans deux décades. Notre réputation était toujours aussi grande. Je devrais dire la mienne surtout. Lors des vols avec moi, les autres pilotes sentaient bien que le déroulement des faits ne se passait pas comme ils le prévoyaient. Nos passages de TET en TET les déroutaient. Peu d'entre eux sentaient le moment favorable. Quelques uns atteignaient cette capacité, curieusement tous ou presque étaient des Simpalais comme Ktanm. Cette société initiatique à plusieurs niveaux dispensait un savoir que peu d'autres sociétés obtenaient. Leur sensibilité en vol m'évoquait celle de Ktanm, en moins puissante. J’avais accru leur formation pour en faire des chefs de groupe. Ils répandaient le bruit de ma possession par l’esprit du Major Ktanm comme ils disaient. Ce mystère autour de nous attirait comme un aimant.
N’ayant rien à faire de particulier, ma seule famille, un père, était perdue au fin fond de l’espace sur une planète archaïque comme me le montraient les rares missives que je recevais, j’avais décidé de rester sur Arche 12 pour fignoler la suite de notre mission. Je volais tous les jours. Le troisième jour, Ktanm me demanda de la laisser partir. Je ne voyais pas comment elle pourrait se débrouiller sans un pilote à son bord. Alors elle m’expliqua.
Le cinquième jour, je décollais pour prendre quelques jours de repos dans la vallée à l’ouest de Arche 12. J’avais à bord de quoi monter un campement et vivre quelques jours. Comme toujours, Ktanm se posa divinement. Je débarquais mes affaires.
- Tu es sûre, Ktanm, de ce que tu fais ? Un vaisseau sans pilote, ça va faire jaser !
- Ne t’inquiète pas, Right. Là où je vais, personne ne me demandera rien. Tu as tout ce dont tu as besoin ?
- Oui, j’ai même un accès au RésOrd.
- Je serais là dans une décade.
Son décollage en douceur me laissa seul dans une vallée inhabitée. Dix jours, elle m’avait demandé dix jours. Mais pour quoi faire ? Son corps devenu vaisseau me semblait un obstacle insurmontable. Elle avait tenté de me rassurer en me parlant d’initiation supplémentaire pour le bien de notre mission future. Je gardais pourtant une peur cachée au fond de mon ventre. Seul, ici, j’étais impuissant. Il me fallait faire confiance. Je me disais que dix jours n’était pas un temps trop long.
Ktanm m’avait quitté depuis longtemps quand je baissais les yeux qui fixaient le point de sa disparition. Je me dirigeais vers mes caisses et me commençais à monter mon abri.
La nuit s’annonçait.

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