Membres

mercredi 31 mars 2010

lundi 29 mars 2010

Un air de liberté flottait ...

Derrière ma vitre
j'attendais.
Viendras-tu un jour, 
donner des ailes
à mon désir?

dimanche 28 mars 2010

Le Yin et le Yang

Un vortex de création
 Un "jeu" sur une image de Réjane :
http://rejane-fragments.blogspot.com/

samedi 27 mars 2010

Quatrième épisode

Scène 3




- Vous m'emmerdez, Right, vous m'emmerdez ! Non seulement vous ne faites pas ce qu'on vous dit mais en plus vous le réussissez.
Le contre-amiral était dans une colère noire. J'étais au garde-à-vous dans son bureau. Derrière moi Ktanm et les frères Silu tenaient la position. Notre retour avec le transport K22 par le TET de la lune Alpha avait bousculé la routine de la base. Les radars automatiques de la ceinture d'astéroïdes avaient bien relayé notre disparition dans le TET pour Epsilon 850. Tout le monde avait conclu que nous allions essayer de trouver refuge sur cette planète neutre. Je les comprenais. Epsilon 850 était à trois jours de vol de la ceinture d’astéroïdes sans danger, alors que traverser la zone pouvait être mortel. Ce monde tentait de garder sa neutralité entre les deux blocs qui s’affrontaient dans la région. Les deux belligérants y trouvaient leur compte. C’était à la fois un lieu de ravitaillement et de commerce, mais aussi un lieu de rencontres entre les deux puissances, de recherche d’informations ou de tentatives d’intoxication. Le conseil de tétrarques qui gouvernait Epsilon 850 avait refusé de se ranger d’un côté ou de l’autre. Il avait su se diviser entre les favorables à l’Empire et les autres sans connaître la guerre civile. Notre arrivée là-bas aurait posé d’importants problèmes diplomatiques, Epsilon 850 refusant les vaisseaux militaires dans son système. Vu l’état du K22, nous aurions été retenus jusqu’à la fin des hostilités.
Le contre-amiral avait préparé des messages dans ce sens pour le gouvernement central. Un vaisseau courrier était parti vers Terre Un pour demander des instructions. Le voyage en TET durait plus de dix jours. Puis à la sortie dans le système de Terre Un, l’envoi et le retour des informations par radio pouvait demander encore quelques jours. Le retour sur Endoor du vaisseau courrier ne se ferait pas avant un bon moment. Si nous avions été sur Epsilon 850, il aurait été dégagé de ses responsabilités. Si nous avions échoué, de même nous ne posions plus de problème. Là il avait un groupe de chasse qui avait selon lui, désobéi aux ordres et un transport de troupes K22 revenu sain et sauf malgré les avaries. Il était sur le terrain le relais du haut commandement pour la guerre dans les marges orientales. L’empereur s’était montré chatouilleux sur le sujet. Retrouvé un corps expéditionnaire complet était une excellente nouvelle. Il serait bien utile dans la nouvelle campagne qui se préparait. D’un autre côté, il ne pouvait pas laisser les chasseurs faire n’importe quoi. D’ailleurs, il n’avait pas bien compris comment nous avions fait pour revenir par le TET de la lune Alpha. J’avais essayé de lui expliquer que notre branchement sur le F54b nous permettait  de sentir l’espace-temps lui-même. Ainsi nous savions où étaient les autres TET alors que nous étions dans une bulle d’espace temps dans un TET comme celui vers Epsilon 850. Ktanm avait bien insisté quand nous avions démarré la manœuvre, il fallait absolument que les cinq vaisseaux soient dans la même bulle d’espace temps pour que la manœuvre réussisse. Le contre-amiral se moquait des détails techniques. Il fallait qu’il tienne ses troupes. L’assaut du système 32 des marges orientales était programmé pour dans vingt jours locaux. Il n’aurait pas les instructions pour les pilotes rebelles avant cette date. Je sentais sa colère et son indécision. Nous punir alors que nous venions de sauver des milliers d’hommes lui semblait impossible dans le contexte actuel. Ne rien faire ne lui semblait pas non plus correct puisque nous avions détourné les ordres.
- C’est la cour martiale que vous mériteriez pour avoir désobéi à la procédure.
- Je …
- Taisez-vous, Right ! Je ne peux pas vous mettre aux arrêts en ce moment. Mais je ne veux plus vous voir. Vous allez prendre le commandement de la chasse sur la lune Alpha.  Rompez !
Nous partîmes après le salut militaire. Les frères Silu étaient ravis. Loin des grands groupes, ils se sentaient mieux. Ktanm ne parla que de ce qui était à faire pour prendre nos quartiers là-bas. J’étais à la fois heureux de commander une escouade complète de chasseurs et pas très content de me coltiner la lune Alpha. Nous allions vivre constamment sous dôme avec des rotations de vols très fréquentes. La lumière de l’étoile d’Endoor était faible à ces distances. En plus la rotation rapide de cette lune obligeait à déconnecter le temps des hommes de celui de la nature.

vendredi 26 mars 2010

mercredi 24 mars 2010

mardi 23 mars 2010

Inutile Défense

 





rempart décharné
indispensable inutile
d'une époque passée, 
tu te dresses futile
dans attente crispée
face à ce qui fut
et ne reviendra plus.

lundi 22 mars 2010

Quatrième épisode

Scène deux.

Les confins du système d'Endoor étaient occupés par un nuage de planétoïdes qui en compliquait singulièrement l'approche. C'était un système jeune. Les interactions gravitationnelles et temporelles avaient été bouleversées par la formation de l'étoile. Le nombre de TET dans la proximité stellaire était faible. Cela nécessitait une logistique particulière. C'est ainsi que nous ouvrions la voie à un convoi rentrant des lieux de bataille. Les vaisseaux lourds suivaient les chasseurs pour trouver les passes changeantes à travers les planétoïdes.
Notre entraînement consistait entre autre, à connaître cette zone pour escorter les convois. Le groupe de chasse était composé de deux escadrilles. Les FF54 étaient des chasseurs long rayon d'action qui aidaient les convois tout au long du voyage. Les F54b étaient réservés à la protection du système et à l'escorte des convois le long des passes d'entrée. J'avais pris beaucoup de plaisir à la formation. Les caractéristiques de vol étaient passionnantes. La routine n'existait pas. Il y avait trop de blocs erratiques pour que les ordinateurs puissent tout modéliser. Les F54b surveillaient en permanence les passes et leurs changements. Pour faire traverser un convoi, il fallait que le groupe de surveillance sur place valide un possible trajet. Puis plusieurs groupes de chasseurs s'engageaient en éventail dans le dédale et larguaient les balises de guidage pour le convoi. Si le petit vaisseau qu’était un F54b, passait entre les blocs, les croiseurs et autres corvettes supportaient un bombardement incessant de météorites que leurs boucliers peinaient parfois à encaisser.
- Leader Bleu de leader Rouge. Leader bleu de Leader Rouge.
- Ici Leader Bleu, parlez leader Rouge.
- Vous allez repartir sur l’arrière du convoi. Il y a une anomalie avec le transport K22. Il ne semble plus suivre le convoi.
- Bien reçu leader Rouge. De leader Bleu à groupe Bleu, on repart.
Mon groupe vira à la perfection malgré les obstacles. J’avais pour ailiers deux frères jumeaux. Ils étaient comme moi, mis un peu à part. Ils venaient du monde moribond de Centau12. On ne vivait pas à sa surface, on y survivait. Centau12 était le centre de vastes trafics. Tout le monde pilotait sur ce monde. De préférence des ruines volantes avec lesquelles ils attaquaient et pillaient régulièrement tout ce qui était mal défendu. Les frères Silu traînaient cette réputation de pirates. Personne ne savait s’ils avaient ou non participé aux razzias. Par prudence, on les tenait à l’écart. Ils avaient déjà fait des missions sur FF54. Leur groupe avait été décimé quelques mois auparavant, lors d’une attaque alors qu’ils protégeaient un convoi. Pour les reposer, le commandement les avait mis à la défense locale. J’arrivais à ce moment là de Mondquatre. Le contre-amiral m’avait fait remarquer que, en deux affectations, j’avais fait déclencher deux enquêtes. Il espérait qu’ici, je me tiendrais tranquille. L’accueil des autres pilotes avait été mitigé sauf celui de Siintha. Ainsi regroupé ensemble, le contre-amiral essayait de nous avoir à l’œil. Le poste de charognard était tenu par Ktanm. Fidèle à elle-même, elle parlait peu. Ses quelques remarques prenaient ainsi un poids considérable.
La passe commençait à se refermer. Le transport de troupes de type K22 apparut sur nos yeux écrans. Il n’avait même pas entamé l’entrée dans la passe. J’allais l’engueuler quand je vis que son bouclier était désactivé. Sans lui, il ne pouvait traverser. Il y avait trop de chocs pour qu’un vaisseau de cette taille puisse s’en sortir indemne. Sans bouclier, avec la passe qui se refermait, il allait à sa perte. Je comprenais le capitaine.
- De leader Bleu à Transport K22. De leader bleu à Transport K22
- Ici le capitaine Tracnof, je vous écoute leader Bleu.
- La passe se referme, si vous activez votre bouclier nous pouvons passer.
- Nous avons eu trop de dégâts pendant les combats. Je n’ai quasiment plus de bouclier et deux secteurs semblent dépressurisés.
- Est-ce réparable ?
- Non, nous allons attendre ici un vaisseau remorqueur.
- Ce n’est pas possible, la zone où vous êtes n’est pas assez sécurisée. Mes ordres sont de vous ramener à la base.
Pendant que nous parlions, je réfléchissais. Il n’y avait pas de TET partant de l’extérieur du nuage de planétoïdes pour rejoindre la base sur la troisième planète. Il fallait le traverser pour avoir accès aux quelques TET intérieurs.
- Quelle est votre autonomie ?
- Nous pouvons tenir trois jours, voire quatre en rationnant l’oxygène.
J’en référais à la base. Vu la vitesse des communications, j’aurais la réponse dans vingt minutes. Je connaissais la procédure. Je devais intimer l’ordre de traverser coûte que coûte. Le remorqueur était déjà parti. Il ne serait pas de retour à temps. Leur seule chance était de traverser… à moins que…
- Capitaine Tracnof, il y a peut-être une solution. Votre Vaisseau peut encaisser combien de G?
- Vu les dégâts dans la structure, nous ne dépasserons pas 5 G.
- Bien reçu! Je vous recontacte dès que j'ai des données.
Je coupais la communication. Lors d'un entraînement en binôme avec Ktanm, nous avions fait un truc fou. Ou plus exactement Ktanm nous avait fait faire quelque chose que je n'imaginais même pas possible : changer de direction dans un TET.
- De leader Bleu à Charognard. De leader Bleu à Charognard
- Ici Charognard, je t'écoute leader Bleu.
- Tu te rappelles ce que tu nous as fait faire dans le TET de la lune Alpha.
- Oui, tu voudrais faire quoi avec ce transport.
- Il y a un TET à une heure de vol. Je sais qu'il va vers Epsilon850 qui est à 3 jours de vol. Penses-tu possible de revenir vers un TET intérieur d'Endoor?
- Cela peut se faire si le pilote de ce tas de ferraille est bon et si on l'aide. Tu sais qu'on y risque notre peau.
- Oui, mais on ne peut pas les laisser là.
- Je sais mais ce ne sont pas les ordres qui vont arriver.
- Alors on y va tout de suite.
- Je contacte le pilote du K22 et je te dis.
J'entendis la coupure de l'intercom. Le transport de troupes ne pouvait encaisser que 5 G. Avec Ktanm nous avions subi le double. L'attente fut brève.
- De Charognard à Leader Bleu. De Charognard à Leader Bleu
- Ici Leader Bleu, je t’écoute Ktanm.
- Ils ont de la chance, leur pilote est un simpalais. Il accepte de me laisser le contrôle.
- Comment cela?
- Je vais me mettre à couple avec le K22 et il va me transférer les commandes.
- Tu pourras te débrouiller des deux sans dépasser les 5G.
- Oui, je pense en être capable justement parce que j'aurai les deux.
- OK, alors on y va.
Ktanm venait de finir l'arrimage quand arriva la réponse de la base. Les ordres étaient nets. Il devait s'engager dans la passe. Je renvoyais la nouvelle de la nécessité de réparer le bouclier et demandant si malgré un bouclier déficient nous devions quand même traverser. Je connaissais la réponse mais une double demande voulait dire confirmation par un supérieur et donc plus de temps.
- De leader Bleu à Charognard. De leader Bleu à Charognard
- Ici Charognard, je t'écoute leader Bleu.
- Où en es-tu?
- J'ai pris les commandes en main.
- Tu penses toujours cela possible
- Affirmatif Leader Bleu.
- Alors advienne que pourra!
- De leader Bleu à tout le groupe
- Ici Ailier Tribord à l'écoute
- Ici Ailier Bâbord à l'écoute
- Ici Charognard à l'écoute
- De leader Bleu à tout le groupe. Vous avez entendu notre conversation avec Ktanm. On va essayer un truc de fou. Les ailiers vous pouvez rentrer par la passe si vous le désirez.
- D'Ailier Bâbord à Leader Bleu. Et vous laisser vous amuser tout seul! hors de question!
- D'Ailier Tribord à Leader Bleu. On attend quoi?
- De Leader Bleu à tout le groupe: GO
Je lançais mon chasseur vers l'entrée du TET. Je vis le lourd transport se mettre en marche. Les ailiers l'encadrant. Le vol fut sans histoire.
- Base à Leader Bleu. Base à Leader Bleu.
Ce furent les derniers mots que j'entendis avant de plonger dans le TET.

dimanche 21 mars 2010

Printemps


Vois-tu 
dans la graine de lumière
le germe de soleil ?

samedi 20 mars 2010

Quatrième épisode


Scène un
 


Je regardais le soleil couchant. Avant de rejoindre le système d'Endoor j'avais obtenu une permission pour finir ma convalescence. Je passais encore une à deux fois par semaine en caisson de régénération pour éliminer l'effet des radiations que j'avais subies.
J'avais retrouvé la planète Mondquatre où j'avais si longtemps été pilote atmosphérique. Quand je recalculais les années, cela n'avait pas été très long. J'en gardais un souvenir d'ennui profond dans la pratique de vols trop automatisés, à attendre seul dans mon cockpit que passent les heures.
- Bonsoir!
La voix féminine me fit sursauter.
- Je te dérange?
- Non, j'étais perdu dans mes souvenirs.
- J'en fais encore partie?
Son parfum n'avait pas changé, mélange agréable et piquant qui m'évoquait les fleurs d'été fraîchement coupées. Non, Eisa n’avait pas changé. Ses cheveux noirs très longs étaient remontés en une coiffure compliquée selon une mode qui m’avait toujours été étrangère. Le teint très pâle comme il sied à une jeune femme de la classe gouvernante, elle posait sur moi un regard interrogateur. Sa tenue sans être provocante montrait sa liberté par rapport aux convenances. Les souvenirs remontèrent à mon esprit.
Nous nous étions côtoyés pendant bien longtemps. Pendant que son père montait les échelons de la hiérarchie qui gouvernait Mondquatre, le mien se faisait remarquer par son attitude de plus en plus critique vis-à-vis de l’Empire. Xintao, sa conjointe très liée à la famille gouvernante, intercédait pour le protéger des conséquences de ses prises de position. La dernière intervention de mon père pour la défense des bordeurs, ces populations de marginaux réprouvés, avait fait déborder la coupe. Xintao avait baissé les bras. Trop, c’était trop. Elle regrettait la punition qui le touchait mais pas au point de partager avec lui l’exil.
Eisa avait enchanté mes jours avant d’enflammer mes nuits. La passion avait cheminé dans nos cœurs et dans nos corps. Nous nous pensions discrets, cachés. Nous étions transparents.
Brillante dans ses études, elle portait les espoirs de son père. Celui-ci supportait mal notre relation. Il eut l’intelligence de ne pas s’opposer directement à Eisa. Je pense que je lui dois mon acceptation dans cette école de pilote atmosphérique malgré mon dossier plus que moyen. Je fus ainsi absent de longs mois. Sur le moment, voir se concrétiser mon rêve m’avait fermé à la déception d’Eisa. La séparation lui fut pénible.
Lors de nos retrouvailles, la passion avait fui nos rencontres. La tendresse était là, nous la prenions pour de l’amour. Eisa avait un cursus universitaire superbe qui lui ouvrait les portes de hautes études sur Terre Un. Mes qualités de vol m’avaient ouvert les portes de la meilleure compagnie d’avions de Mondquatre. En quelques semaines, je me retrouvais embarqué dans un travail aux horaires irréguliers. Pour garder Eisa, il aurait fallu que je renonce à voler.
Je me souviens de notre dernière rencontre. J’allais embarquer pour piloter sur le vol vers Solem. Eisa partait pour l’astroport et pour Terre Un. Dans ce hall plein de monde, elle se tenait très droite sur le tapis roulant, éclairée par le soleil levant. J’allais dans l’autre sens. Nos regards se sont croisés. Ses yeux m’interrogèrent. J’y ai lu l’espoir d’un avenir pour nous… Mon vol m’attendait…je ne me suis pas retourné.
- C’est Xintao qui m’a dit où tu étais.
- Elle m’a accueilli pendant mon séjour.
- Tu restes longtemps ?
- L’empereur m’envoie sur Endoor pour prendre la tête d’un groupe de chasse. Dans quelques jours je serai parti.
- …
- Que deviens-tu ?
- Tu aimes toujours autant voler. J’ai appris tes exploits. Mes félicitations.
- Je crois que j’ai surtout eu de la chance.
- Comme sur AZ4 ?
- Ah ! Tu sais cela aussi.
- Oui, je m’intéresse à toi et à ce que tu deviens.
Je gardais le silence en regardant le soleil s’enfoncer dans l’océan vert de la forêt de Brentalli. Les mains appuyées sur la balustrade, je guettais cet instant merveilleux où tous les fruits des milliers de Brent, ces arbres endémiques sur Mondquatre, se mettaient à briller. Le vert sombre de la forêt se muait alors en vaste océan de lumière enflammée.
Eisa mit sa main sur la mienne.
- Ça aurait pu…
- Oui, ça aurait pu…
Elle ne brisa pas notre silence quand elle repartit.

vendredi 19 mars 2010

Rencontre

Fleurs de printemps 
s'effeuillent tendrement
les amoureux

jeudi 18 mars 2010

Sentinelle

Arbre mort allongé,
sous l'oiseau blanc de vie, perché.

mercredi 17 mars 2010

mardi 16 mars 2010

Troisième épisode


Scène 5

Tout ça pour moi! Enfin pour nous!
Je n'arrivais pas à y croire. Rêvais-je encore la réalité ? Pourtant tout était bien réel, terriblement réel. Soolims était à ma droite, Ktanm à ma gauche, et encore plus à gauche Siintha. Nous nous tenions au garde à vous au milieu de la vaste place d’armes noire de monde. Chaque service avait envoyé des représentants. Tout le système de Kxioc était là ou représenté. Avec la présence de l’envoyé personnel de l’empereur, personne n’aurait osé oublier de venir.
Nous allions être décorés. L’empereur avait été mis au courant de notre équipée. Il faut reconnaître que sans Soolims et sa manie de ne pas suivre ses plans de vols, nous ne serions jamais tombés sur ses trafiquants. L’enquête avait mis en évidence deux choses. La première était que Soolims avait refusé d’écouter les ordres qui lui demandaient de respecter son plan de vol. La deuxième était que la corvette et son escorte venaient rencontrer des soldats réguliers vendant des armes impériales. Nos ordinateurs de bord avaient enregistré la présence d’un transport de troupes pas loin du lieu du combat. Les interrogatoires parfois musclés avaient révélé de juteux trafics. Les ramifications de ce réseau étaient vastes. Plus les enquêteurs progressaient dans leur enquête et plus ils remontaient dans la hiérarchie. Quand ils avaient atteint les hauts gradés, ils en avaient référé à la police impériale. C’est elle qui avait repris à son compte l’enquête et prévenu l'empereur. Celui-ci avait exigé les têtes des responsables. Deux généraux et l'amiral de système de Kxioc avaient perdu la vie pendant que je restais à l'hôpital. Officiellement l’empereur avait annoncé son désir de récompenser la bravoure de ses pilotes. Pourtant la rumeur disait que ces décorations étaient surtout un moyen de faire peur aux trafiquants en tout genre qui sévissaient dans les rouages de l’administration impériale.
L’hymne Kxioc se terminait. L’Hymne impérial allait suivre. L’envoyé de l’empereur se leva, mit son poing sur le cœur. Nous fîmes tous comme lui. Le son de cent mille poings frappant cent mille poitrines fut la première note de l’Hymne. Puis cent mille gorges entonnèrent le couplet des guerriers. Tout cela sous le regard complaisant de centaines de caméras voletant partout pour assurer la retransmission. Aussi brutalement qu’il avait commencé, l’Hymne cessa dans un gigantesque claquement de bottes.
L’envoyé de l’empereur laissa retomber son poing. Avec lenteur, il s’avança vers nous suivi par tous les hauts gradés présents qui vinrent s’aligner face à nous. Il prit la parole :
- Pilotes ! L’Empereur tient à féliciter chacun d’entre vous pour cette conduite exemplaire. Alors que l’ennemi était à notre porte, vous n’avez pas hésité à faire votre devoir jusqu’au bout, prêts à sacrifier votre vie pour que vive l’Empire. L’Empereur espère que cet exemple servira de leçon à chacun, quelque soit leur grade ou leur fonction.
Il s’approcha de Soolims. Derrière lui, des pages le suivaient portant les coussins sur lesquels reposaient les décorations.
- Capitaine Soolims, l’empereur t’élève au grade de colonel et te confie la réorganisation de la chasse sur le système de Kxioc.
J’eus du mal à ne pas rire. J’en connaissais plein qui n’allaient plus rigoler. L’envoyé poursuivait :
- Reçois le signe de sa gratitude avec la marque du mérite.
Prenant une plaque dorée sur un coussin il la fixa sur la poitrine de Soolims que je sentais rayonner
L’envoyé de l’empereur s’approcha de moi.
- Pilote Right, l’Empereur est sensible au mérite dont tu as fait preuve. Sache qu’il ne regarde pas les pères pour savoir ce que valent les fils. Deviens Lieutenant Right et sert l’Empereur dans le système d’Endoor comme tu l’as servi sur Kxioc.
Un vertige me prit. Je partais pour les lieux de combat. Le système d’Endoor était la dernière base importante de l’Empire dans les marges orientales. J’entendis à peine la suite :
- Ton esprit d’initiative a plu, tu es nommé chef de groupe. Reçois le signe de sa gratitude avec la marque du mérite.
Prenant une plaque argentée, il me la fixa sur la poitrine. Son poids m’étonna. Je ne la pensais pas si lourde.
- Major Ktanm, l’Empereur te connaît bien et sait tout ce qu’il te doit. Il accède à ta requête. Tu seras versée dans le groupe du Lieutenant Right. Il sait que tu ne souhaites pas monter en grade et l’accepte. Reçois le signe de sa gratitude avec cette marque spéciale du mérite.
Prenant une plaque irisée, il la fixa sur la poitrine de Ktanm.
Je n’en revenais pas Ktanm. Elle venait de recevoir la plus haute distinction de l’ordre du mérite impérial. Je comprenais mieux pourquoi personne n’osait s’opposer à elle. Cette surprise était minime comparée à celle que j’avais eue en entendant qu’elle serait sous mes ordres dans mon groupe.
Vint le tour de Siintha.
- Pilote Siintha ! La grande Chantalina a encore montré avec tes actes que ses fils sont de remarquables guerriers en vol. Deviens Lieutenant Siintha et sers l’Empereur dans le système d’Endoor comme tu l’as servi sur Kxioc. Ta ténacité a montré que tu étais digne d’être chef de groupe. Reçois le signe de sa gratitude avec la marque du mérite.
Comme moi, il reçut une plaque argentée.
L’envoyé de l’Empereur fit demi tour. Prenant place devant les hauts gradés, il se mit au garde à vous. Une image holographique surgit devant lui. L’empereur, plus grand que nature, déclara :
- Ce qui est fait est mien ! Ce qui est dit est volonté impériale, qu’ainsi aillent les faits !
Nous connaissions tous cette représentation qui validait toute cette cérémonie comme étant une volonté directe de l’Empereur.
L’envoyé se frappa la poitrine. Nous fîmes comme lui reprenant le premier couplet de l’Hymne, à la gloire de l’empereur.

lundi 15 mars 2010

dimanche 14 mars 2010

Troisième épisode




 
biiip..biiip..biiip..biiip..biiip..biiip..biiip..biiip..biip
Je repris conscience. Douleurs. Où suis-je?
Combat, feu, silence.
Mes sensations revenaient. J'étais encore chasseur, mes perceptions toujours branchées sur les capteurs du F54b. La corvette avait disparu. J'étais dans un océan de débris. Mes yeux écrans firent le tour de mon champ de vision. Massif, un croiseur lourd classe II, en occupait la moitié. Une multitude de chasseurs virevoltait autour. Un peu plus brillants les trois sigles de l'équipe. Ktanm en orange, Siintha en orange scintillant, Soolims en rouge. Près de lui un vaisseau secours venait d'arriver. Je mis en route les tests internes. Pas brillant. Je devais apparaître moi aussi en orange scintillant.
Le listing des évènements défila. Mon laser lourd et ses cinquante mille Tlum avaient fragilisé le bouclier arrière de la corvette. Mon deuxième tir, associé à ceux de mes compagnons avait presque saturé les équipements ennemis. C'est le tir du croiseur sortant du TET qui avait détruit l'envahisseur.
Un vaisseau secours s'approchait de moi. Mes intercoms avaient grillé, ma propulsion TET aussi. Il me restait un moteur fusée intact. Cela ne faisait pas grand chose. J'étais une quasi épave dérivant au milieu des débris ennemis que les vaisseaux poubelles récupéraient à fin d'analyse.
Je me laissais aller. C'était fini. J'étais vivant. Je sentis le choc léger du crochet de remorquage quand il se fixa. La traction se fit. Mon corps dodelina dans son siège. J'étais épuisé. Je ne pensais qu'à dormir. Le cockpit fut ouvert. Je fus extrait en douceur par des mains expertes. Je fus débranché. Mes sensations se rétrécirent à mon corps. Ce fut à la fois un soulagement et une déchirure. Les sons m'arrivèrent en direct. Des voix commentaient mon état. L'image de mes parents parlant métier se présenta à mon esprit. Je fis un effort pour écouter.  J'entendis :
- ...radiations... salement amoch...hôpital...
Doucement je lâchais prise. Dormir, dormir, dormir.
Bip...bip......bip...bip...bip...bip...bip...bip...bip..
Le plafond était blanc. La douleur présente mais en arrière plan. Je me dis que si je ne bougeais pas elle me laisserait tranquille. J'étais à l'hôpital. Où? Quand? La régularité des bip me berça. Je fermais les yeux un moment. Quand je les rouvris le plafond était noir. Etait-ce la nuit? Un ronronnement sur tribord et une sensation de som

meil m'envahit.
Bip......bip......bip......bip......bip......bip......bip
De nouveau tout était blanc. Mes yeux s'ouvrirent. Une envie de bouger me prit. J'essayais de soulever la main. Une alarme se déclencha. Une porte s'ouvrit Je vis une main appuyer sur un bouton. Le bruit cessa.
- Ne bougez pas! Je vais vous préparer pour la suite.
Une voix de femme. De quoi parlait-elle? Une succession de bruits et de mouvements sans signification pour moi se produisit. D'autres personnes étaient entrées dans la pièce. Cela parlait trop vite des mots inconnus. Le silence se fit brutalement. Une présence venait d'arriver. Une voix de commandement dit:
- Trop tôt!
Le ronronnement sur tribord se fit entendre. Je voulais parler. Le sommeil me prit avant que j’aie pu dire le premier mot.

samedi 13 mars 2010

Troisième épisode


Scène 3.






Le chasseur en alerte que j’étais devenu largua les leurres. Siintha fit de même. Les deux autres avaient déjà largué les leurs. Cela sauva la vie d’au moins un de nous. La corvette nous avait lockés dès qu’elle avait pris conscience de notre présence mais pas assez vite pour éviter les leurres. Je sentis l’impact de l’énergie sur mon bouclier. Heureusement le F54b avait des accumulateurs de combat supplémentaires pour la stocker. Un impact, je pouvais en encaisser encore deux au maximum, avant saturation des accus à moins que je puisse moi-même faire feu. La corvette avait vidé sa batterie de lasers, il lui fallait quelques temps pour recharger. Les six chasseurs étaient de vieux F30. Nous allions devoir nous en débarrasser et fixer la corvette en attendant l’arrivée des renforts. J’avais pris la marche aléatoire des combats, pour déjouer les tentatives de suivi des ordinateurs ennemis. La corvette semblait assez récente mais déjà cinq secondes étaient passées sans qu’elle ne refasse feu. Les F30 avaient largué des leurres à notre intention. Devant mes yeux écrans, la différence était évidente. Je fis l’acquisition d’un des ennemis et le lockait. Un bond aléatoire suivi d’une mise dans l’axe et je faisais feu deux fois. Je sentis le recul du vaisseau et je bondis. Pas assez vite. Les ordinateurs ennemis avaient immédiatement fait feu sur moi. J’encaissais deux tirs de F30. Pas grave ! Par contre les deux tirs de la corvette saturèrent mes accus que mon tir avait vidés. Je larguais de nouveaux leurres et repris une marche aléatoire. Ma cible avait disparu. Je sentis Soolims à côté qui fit feu une fois sur la corvette et bondit. La Corvette riposta vidant à nouveau ses réserves. Des leurres disparaissaient dans le feu. Les images de mes compagnons étaient vertes. Non… celle de Soolims venait de passer orange. Je visais la corvette fit feu une fois et bondis en larguant mes leurres. Siintha avait fait de même. Ktanm, la simpalaise, m’étonna. Elle largua ses leurres avant de faire feu, concentrant sur elle la riposte ennemie. Seulement elle n’était plus là. Elle était passée par TET pour ressortir de l’autre côté de la corvette et recommencer son manège.
Je hurlais :
- On suit !
Mon premier saut TET ne fut pas une réussite. J’étais mal orienté par rapport à la corvette. Un F30 entra dans mon champ de vision. Je tirais, larguais et rebondis dans le TET. J’étais revenu à mon point de départ. J’exultais, j’avais deux chasseurs à mon tableau. Ktanm continuait sa danse de mort avec la corvette, aidé par Siintha qui avait manifestement mieux compris que moi. La balise de Soolims était repassée en vert. A côté le petit sigle « 3C » indiquait qu’il avait abattu trois chasseurs. « 2c » signalait les deux tirs réussis sur la corvette. Ktanm se signalait par un « 6c » et Siintha par un « 4c ». Je pris conscience en même temps que je me posais la question de la position du dernier F30. Il venait de sauter dans un TET. Pour avoir parcouru tous les TET locaux depuis notre arrivée derrière Soolims, je savais où il allait sortir. Je sautais dans un autre TET pour le rejoindre.
La lumière éclatante de la « Petite » comme on appelait la naine blanche par opposition à sa compagne géante rouge, irradia mon chasseur. Le bouclier s’activa et mes accus furent quasiment saturés par le rayonnement le temps que je me cache derrière Ternoir, premier corps céleste en orbite. Le F30 était là bien sûr. Il s’éloignait de l’entrée du TET. Je savais qu’il ne pouvait pas en trouver un autre à moins de deux minutes de vol. J’accélérais au maximum. Il prit conscience de mon arrivée quand j’étais déjà à portée de tir efficace. Je vis son bouclier s’embraser et céder sous mes yeux écrans. Un « 3C » apparu sur mon écran. Je pris le TET pour rejoindre la corvette.
En sortant du TET, mes indicateurs me signalèrent le manque de réserve de mes compagnons. J’étais bien placé, mes accus pleins. Je mis en œuvre le boost du laser. Cinquante mille Tlum filèrent vers la corvette. Je larguais les leurres. Reprenant ma marche aléatoire, je refis le point. Ktanm et Siintha était en vert clignotant. Soolims en orange clignotant. Ce fou était à la limite de la mise hors combat. Il aurait d’ailleurs déjà du décrocher. Je compris que pourtant il allait encore essayer de tirer.
- Ail Bab à Leader. Ail bab à Leader. Décrochez, on vous couvre.
- Ta gueule Ail Bab, on aura sa peau
La voix de Ktanm éclata
- Ail bab, Ail trib, on converge, on a six secondes.
Je fonçais en ligne droite sur Soolims. Dans six secondes la corvette pourrait refaire feu.
Cinq. J’examinais les signaux des autres. Siintha en vert « 8c ». Ktanm en vert aussi, « 12c ».
Quatre. Soolims toujours orange clignotant, se dirigeait droit sur la corvette.
Trois. J’étais trop loin pour le protéger. Notre trajectoire faisait de nous des cibles idéales pour les canons de la corvette.
Deux. Je lockais la corvette. Le F54b se mit en position de tir.
Un. Je fis feu avec trente mille Tlum, vidant mes réserves propres. Je larguais mes leurres.
Zéro. Le feu embrasa l’espace. Mon bouclier scintilla, ma jauge fila vers le rouge.
Silence.

vendredi 12 mars 2010

Troisième épisode


Scène deux


J'avais tout de suite détesté la lune 4 de Kxioc. On y vivait dans la nuit et le froid en permanence. Les seuls moments de plaisir étaient les vols, même s'ils étaient routiniers. Le système de Kxioc était la Base arrière de l'empire dans cette région de la galaxie. Chaque planète avait son utilité dans la maintenance, la construction ou la réparation des vaisseaux de la flotte. Quasiment peuplée de soldats, les seuls lieux de plaisirs y étaient artificiels. Il n'y avait pas de planète de type terrestre et les planètes rocheuses sur lesquelles étaient les différentes bases étaient soit trop chaudes, soit trop froides mais jamais agréables. La discipline était rigoureuse. Trop de personnels supportaient mal l'ambiance de ce système. La police militaire et la police privée de l'empereur étaient omniprésentes. Tout le monde se méfiait de tout le monde.
J'étais heureux dans mon cockpit de m'éloigner de la lune 4. J'avais la position d'ailier bâbord et  Siintha était à tribord. Notre leader était un vieux troisième galon bloqué dans son avancement en raison de sa relative indiscipline. Il ne parlait pas dans son micro, il aboyait.  Le dernier du groupe était Simpalaise. La place de charognard était à elle, elle l’avait dit au troisième galon sur un ton qui n’admettait aucune réplique et curieusement, il avait acquiescé sans un mot. C’était la plus âgée du groupe. Issue d’une vieille famille guerrière de Simpalaa, elle avait piloté à peu près tout ce qui se fait. C’est elle qui avait choisi de revenir sur chasseur et avait exigé du commandement d’être affectée sur F54b. Quand je lui avais demandé pourquoi revenir sur ce type d’appareil, elle m’avait répondu :
-Je l’aime.
Je n’avais pas osé aller plus loin. Elle avait un regard décourageant toute velléité d’interrogatoire. Elle jouissait en plus d’une réputation de survivante. Elle avait participé à tant de combats et de batailles que personne n’en connaissait le nombre exact. Ce qui était sûr, c’est qu’elle avait toujours ramené son appareil sur une base. On disait d’elle que même un amiral lui devait la vie. A la bataille de STEL104, elle avait ramené le croiseur lourd de classe 1 seule. Touché violemment par des mines larguées ennemies, le vaisseau amiral avait gardé son cap grâce à elle. Surentraînée, elle avait été capable de verrouiller son scaphandre avant la dépressurisation totale. Le haut commandement de la flotte enfermé dans son bunker blindé au cœur du croiseur avait suivi ses efforts par intercom interposé. Elle n’en parlait jamais. D’ailleurs elle parlait peu. Ce qu’on savait sur la base venait du RésOrd, bien évidemment.
La mission du jour était une routine. Avec notre leader, la routine n’existait pas. Il nous imposait de rester sur le qui-vive en permanence. Irrégulièrement, il déclenchait une alerte à l'intrusion. Il refusait aussi de suivre le plan de vol déposé. Nous passions de manière aléatoire par les TET pour ressortir à l'autre bout du système. J'aimais ces vols toujours très techniques. Nous mettions notre honneur à rester en formation malgré les aléas de nos trajectoires.
Nous sortions d'un TET près de l'astéroïde 107, dernier planétoïde important en orbite, lorsque l'alerte intrusion sonna une nouvelle fois. Soolims hurla dans son micro :
- Maraudeurs en secteur 12 ! Eclate 4
Le groupe éclata en suivant la procédure 4 que Soolims nous avait fait répéter des centaines de fois. Siintha hurla à son tour:
- Six chasseurs, une corvette !
Mes capteurs me confirmèrent la réalité de l'alerte. Je ressentais en arrière tribord la présence de ces vaisseaux étrangers. Les ordinateurs de bord rejetaient les codes d'identification et transmettaient au centre opérationnel l'intrusion.
L'adrénaline m'envahit. On n'était plus à l'exercice. J'allais vivre mon premier combat...et peut-être le dernier.

jeudi 11 mars 2010

Troisième épisode



Scène un
 
Nous nous attendions à tout mais pas à ça. L'ordre était venu de partir pour le système de Kxioc. Tout le monde avait sollicité le RésOrd. Nous étions prêts au combat et on nous envoyait garder les arrières. Kxioc était un système à étoile double, composé de nombreuses planètes rocheuses dont chacune était une base de ravitaillement ou de réparation. Les discussions qui s’en suivirent éclipsèrent l’intérêt des uns et des autres pour mon histoire. La commission d’enquête sur la mort de Jarwen avait été bâclée. Depuis qu’il était mort, les langues se déliaient. Le héros des batailles de conquête du système Toct’h montrait un autre visage. Il était responsable de la mort de trop de jeunes pilotes prometteurs. Son statut de héros l’avait protégé des enquêtes. L’empire avait besoin d’exemples pour les jeunes. Sa politique de conquêtes était coûteuse en hommes et en matériel. Plus les investigations avançaient, plus les enquêteurs découvraient des trafics et des abus de pouvoir. La conclusion fut un accident pendant qu’il portait secours à un bleu malencontreusement fourvoyé dans un champ d’astéroïdes. On m’avait bien fait comprendre que si je voulais continuer à piloter, j’avais intérêt à coopérer. Les menaces à peine voilées, en cas de refus de ma part, avaient fini par me convaincre de garder la vérité pour moi. Sur la base, la controverse allait bon train. Il y avait ceux qui accusaient Jarwen et ceux qui m’accusaient. Du jour au lendemain, je fus mis à l’index par certains « copains » et d’autres que parfois je n’avais jamais vus, m’adressaient des messages de soutien.
Je pensais à tout cela en faisant mon sac. Les chasseurs étaient déjà embarqués. Nous allions faire un grand bond. Le système de Kxioc était à trois jours de vol dans les TET, ces tunnels d’espace-temps qui permettaient de court-circuiter des distances incommensurables. Nous avions touché des F54b équipés de lasers lourds et capables de vol en TET. Leurs boucliers de défense étaient renforcés. Ils étaient tout à fait adaptés à la défense d’un vaste système comme celui de Kxioc. Nous étions tous impatients de les essayer en vrai.
-    Alors t’es prêt ?
Je me retournais pour voir la tête de Siintha s’encadrer dans la porte. Après la mort de Jarwen, il avait été le premier à venir me voir et me féliciter. Originaire de la grande Chantalina, il en avait bien l'allure. Sa taille était juste suffisante pour être admis à piloter les chasseurs. Mince et nerveux, il avait comme tous les Chantalinais une grande réactivité en vol. Sur cette grande planète, les déplacements se faisaient sur de grands oiseaux porteurs. Dès leur naissance, ils étaient entrainés au vol, chacun recevant son oiseau vers six ans. La mort du sien l'avait poussé à entrer dans l'armée. Il suivait ainsi les traces d'un cousin qui avait trouvé la mort dans le champ d'astéroïdes en suivant Jarwen. Siintha avait eu l'intelligence de ne pas être champion sur le simulateur. Il volait maintenant dans le même groupe que moi. Je me posais toujours la question de savoir lequel de nous deux était le meilleur.
Je répondis :
- J'arrive !
Prenant mon sac, je lui emboîtais le pas. Nous quittions cette base pour devenir opérationnel. Pour moi une page se tournait. Après un long temps de pilote de surface, trop long à mon goût, j'avais profité de l'opportunité créée par la mutation de mon père et les besoins en pilotes de l'armée pour changer le cap de ma vie. J'avais l'impression de sortir de l'enfance. Mon avenir me semblait aussi léger que mon sac.

mercredi 10 mars 2010

mardi 9 mars 2010

samedi 6 mars 2010

vendredi 5 mars 2010

deuxième épisode

Scène deux





Les astéroïdes défilaient de part et d'autre de mon chasseur. C'était
grisant. C'était mon deuxième vol réel mais quel bonheur. Mes sens étaient étendus aux perceptions même du chasseur. Mon casque de contrôle fonctionnait parfaitement. J'étais le chasseur et je suivais en tenant la formation, mon leader qui se trouvait être Jarwen. Je sentais  bien qu'il me testait. Ce champ de cailloux volants ne devait pas être  au programme de mon vol. Les autres avaient décroché. Sur mon radar, je  voyais le groupe des jeunes pilotes faire le tour de la zone derrière le second de Jarwen. Les histoires entendues à propos de jeunes pilotes perdus corps et biens dans les champs d'astéroïdes me revinrent. Je souris. Voilà ce qu'il me réservait, un accident de débutant. Devant moi, le chasseur de Jarwen luttait pour choisir ses caps. Il passait parfois très près de l'accident. Je sentais ses hésitations. Je le suivais sans forcer tellement les passages me semblaient évidents. J'avais même coupé les alarmes de proximité qui me gênaient pour évoluer. Je vis Jarwen prendre par tribord alors que je sentais que le bon chemin était héliotrope. Je mis mon intercom en route
- De bleu 2 à Leader 1, de bleu 2 à leader 1, on va vers une impasse!
- T'as la trouille, bleu 2?
Un signal m'avertit qu'il avait mis le codage autour de nos machines
comme sur un champ de bataille. Personne ne pouvait nous entendre.
- De bleu 2 à leader 1, pas de problème je suis!
- Alors accroche-toi le bleu, ça va secouer!
Nos Chasseurs d'entrainement n'avaient pas de champ de défense, quant aux armes, elles étaient désarmées. Je commençais à sentir la colère m'envahir. Ce fou m'emmenait dans un dédale inextricable d'astéroïdes avec la ferme intention de m'y tuer, tout ça parce que ce c.. n'avait pas apprécié que je batte son record. Les passages devenaient plus étroits. Plus on avançait et plus je me demandais comment il allait s'en  sortir. Il était évident que je pilotais mieux que lui. Sans l'ordinateur, il aurait déjà été au tapis. Brutalement je compris. Si mon chasseur n'avait pas d'arme, ce n'était pas le cas du sien. Elargissant au plus mes perceptions de l'espace, je sentis un passage vers bâbord haut. Je virais brutalement, à la limite de la perte de conscience. Mes radars me signalèrent les explosions des deux mines larguées mais je n'y étais plus. Je me pris à l'agonir d'injures.
Je me retrouvais comme sur la planète Targuette où les jeunes se jetaient des défis de vol qui finissaient en duel dans le ciel. A ce jeu -là j'avais survécu. Ce n'est pas ce Jarwen qui allait m'avoir. Je laissais mon esprit se remplir des impressions des capteurs de mon chasseur qui arrivaient par le casque de contrôle. Il possédait des mines largables et des lasers, moi rien. C'était pas gagné. Je passais les commandes en contrôle absolu. L'ordinateur de bord protesta tout en  me donnant accès à toutes les fonctions. Ou j'avais sa peau, ou il avait la mienne. Il n'y aurait pas de quartier. Un premier tir me rata. J'accélérais. Le vol entre les débris rocheux devint une danse de mort.
Jarwen trop heureux de m'avoir devant lui m'emboita le pas. Son deuxième  tir pulvérisa un astéroïde que je venais de contourner. Les débris glissèrent sur son écran de défense. Notre vitesse était telle que je vis le rougeoiement de son chasseur qui peinait à encaisser autant de projectiles. Obligé de ralentir pour ne pas percuter quelque chose de plus gros, il me laissa du champ. J'en profitais pour entrer dans un dédale inextricable. Je m'y enfonçais, fit demi tour et stoppait. J'avais trouvé l'endroit. Sûr de sa maitrise et de ses écrans de défense, Jarwen allait y entrer trop vite. D'ailleurs il arrivait comme je le prévoyais. Accélérant au delà du raisonnable, je déclenchais une procédure d'atterrissage sur le gros bloc devant moi. Nos vitesses relatives étaient très différentes. Présentant le ventre du chasseur, le champ de sécurité, véritable air bag anti crash, se déclencha. Protégeant le chasseur, il déstabilisa le bloc. Mon intuition était bonne. Jarwen fut au centre d'un gigantesque jeu de billard. Tout occupé à me poursuivre et me locker (1), il comprit trop tard. Je vis sur mes écrans qu'il n'avait pas réussi à saisir sa chance. Son écran de défense saturé n'avait pu encaisser plus de roche. Concentré sur ma propre sauvegarde dans ce monde devenu fou, je n'appris sa fin que par le signal d'alerte de perte contact.
Me sortir de là ne fut pas évident. Je rejoignis le groupe qui repartait vers la base.
Une voix interrompit mes pensées.
- De leader 2 à bleu 2, de leader 2 à Bleu 2
- Ici Bleu 2, parler leader 2
- Où est leader 1?
- J'ai perdu le contact dans l'amas d'astéroïdes.
- ......
- Leader 2, leader 2, me recevez-vous?
- Bien reçu bleu 2, je préviens la base pour envoyer des secours. Reprenez la formation et ne la quittez plus.


(1) Locker : pointer ses armes sur une cible et valider pour permettre à l'ordinateur de faire le suivi automatique pour ne pas la perdre

jeudi 4 mars 2010

deuxième épisode

Première scène

J'écoutais le brouhaha du mess pendant que je dégustais une bière. Pas très bonne la bière mais ici aux confins du système AZ4, trouver de la bonne bière était impossible. La base était en alerte. Cela ne changeait rien à sa routine, si ce n'est que toute les permissions étaient suspendues. Les bruits les plus fous couraient. On parlait de mission d'intervention. Sur cette base de chasseurs de défense de système, on citait des lieux aussi différents que le système N410 qui venait d'être conquis ou que le système de Tanka soumis à la pression des extérieurs, ces populations de sans planète qui vivaient de rapines et de raids. Ce qui était arrivé à l'amiral Tchecanstin occupait aussi une bonne place dans les conversations. Il y avait ceux qui approuvaient l'empereur et quelques autres qui exprimaient leur désaccord. En tout cas dans le cercle fermé du mess entre copains. Personne n'aurait oser tenir des propos critiques ailleurs à part un fou.
Le casque de contrôle me gênait. Sa mise en place datait de quelques jours et son aspect trop neuf me désignait comme un bleu dans cette unité.
J'entendis "Bonjour"
-Bonjour, dis-je
-Tu es nouveau ici, tu offres une bière
Ce n'était pas une question. Je fis signe au serveur qui arriva avec une bouteille différente de la mienne.
"Ouais, ici, j'ai mes habitudes"
Je le regardais mieux pendant qu'il buvait ses premières gorgées. Son uniforme propre mais fatigué, son casque de contrôle aux multiples traces d'usure traduisaient un vétéran. Moi je n'étais qu'un bleu et j'avais intérêt à faire attention.
"Tu viens d'où?"
Question piège, je savais qu'on me testerait, que mes réponses seraient décortiquées et vérifiées pour voir si on me rangeait dans les moutons ou dans les lions, à moins que me prenne pour un surveillant caché aux ordres de l'empereur.
Je ne me dépêchais pas de répondre, buvant aussi ma bière à petites
gorgées. Je sentais son regard sur moi. Je répondis sans le regarder
-Tu sais ça très bien. Le résOrd a déjà tout dit
-Fais pas le malin, on sait que t'es qu'un pilote d'avion reconverti
Il avait mis tout son mépris en disant "pilote d'avion" 

"J'devrais dire conducteur de bus volant, alors fais pas le malin comme hier!"
Me plantant là, il tourna le dos et partit.
J'avais été admis dans l'unité des chasseurs parce que l'armée avait
besoin de pilotes mais lors de mon deuxième entrainement sur simulateur, j'avais battu le record de la base. J'avais bien sûr été voir sur le résOrd qui détenait  l'ancien  record. La photo de  Jarwen  était apparue sur l'écran. Le résOrd ne s'était pas trompé, mais il ne se trompait jamais, en le décrivant comme susceptible. Cette première rencontre avec lui ne me laissait rien présager de bon.
Je finis ma bière, mis le doigt sur le point paiement et sortis sans rien dire. Tous les regards me suivaient