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jeudi 29 avril 2010

Cinquième épisode

Quatrième scène, première partie

Je n'avais rien vu venir, SuperKtanm non plus. Elle flottait en débris épars autour de moi. Mon équipement de survie m'avait sauvé la vie. Je ressentais douloureusement la perte de contact brutal avec SuperKtanm. J'avais l'impression d'avoir été amputé à vif. Ma vision naturelle ne me disait pas grand chose. La bataille pour moi n'avait même pas commencé. J'étais là impuissant, coupé de tout. J'espérais que viendraient les sauveteurs. Il fallait que je me concentre sur mes écrans de survie. Mon scaphandre possédait normalement assez de réserve pour quelques jours. Le choc avait du détraquer l'instrumentation car rien ne fonctionnait comme prévu. Je pris conscience que je ne pouvais pas bouger comme je le voulais. Le scaphandre s'était ballonnisé. La vérité s'insinua en moi. Non seulement mon vaisseau était détruit mais mon scaphandre aussi. Les systèmes de régénération ne fonctionnaient plus. L'oxygène s'était répandu partout où il pouvait, mais il ne serait pas purifié. L'horreur me prit. Il me restait moins de deux heures à vivre. J'allais mourir étouffé. Je hurlais de peur.
Je me réveillai en sueur en m'entendant crier. La nuit était noire. L'aube était loin.
J'étais là depuis trois jours et je faisais le même cauchemar toutes les nuits. J’étais en sueur. Je descendis de mon hamac. L’air était tiède et sec. Pourtant je frissonnais. Ma réserve d’eau était près de la fenêtre. Je m’en approchais pour m’en servir un grand verre. Une lueur attira mon regard. Toutes nos sondes avaient été formelles, il n’y avait pas de vie intelligente sur cette planète. Une silhouette se déplaçait dans la végétation. En regardant mieux, elle me sembla transparente mais légèrement lumineuse. Je pris mon arme et me précipitai dehors. Rien. Tout semblait tranquille. De ma lampe je fouillais les environs. Rien. Je rentrais perplexe.
Je disposais de matériel de détection pour me prévenir en cas d'approche de gros gibiers ou d'animaux dangereux. Je regardais l'écran. Rien. Je mis du temps à me rendormir.
Le soleil était levé depuis longtemps quand j'émergeai du sommeil. Après une collation rapide, j'entrepris d'explorer les environs. Je m'étais installé dans une petite plaine entourée de collines couvertes de broussailles et d'arbres pas très grands. Plus loin autour des montagnes basses étaient colonisées par des forêts épaisses et sombres. Je parcourais la petite région qui s'étendait devant mon campement. Entre les broussailles et les taillis, des affleurements de roches décrivaient des courbes complexes. Avec mon détecteur de vie, je ne mis en évidence que de petits animaux bien inoffensifs pour moi. Le soleil était au zénith quand je rentrai de mon exploration. Je me connectais sur le Résord pour voir la région vue du ciel. Les cartes défilèrent. Les satellites avaient photographié toute cette zone. En agrandissant, je retrouvais là où je campais. Vus de dessus, les affleurements rocheux dessinaient des figures quasiment géométriques. Cela me sembla étrange. J’interrogeai la base de données. La réponse me parut simple et lumineuse. Le fond de cette vallée était composé de différentes roches de duretés différentes que l’érosion avait sculptée ainsi. Les formes venaient des tourbillons complexes des vents locaux arrivant des différentes directions. Je pouvais en visualiser une modélisation. L’animation en 3D était très réaliste. Je cherchais d’autres renseignements. La flore et la faune étaient décrites. Il n’y avait rien de bien dangereux pour l’humain que j’étais.
Avant d’aller me coucher, je fis un tour sur la station d’info du RésOrd. Le commentateur signalait ma présence sur Terre Un. Il faisait encore des suppositions sur ma rencontre avec l’Empereur. Cela me fit comme un coup à l’estomac. Ktanm était repartie voir l’Empereur !
Le sommeil me prit pendant je tournais et retournais toutes les hypothèses sur la conduite de Ktanm.
Le cauchemar m’éveilla à nouveau. Toujours pareil, je ne voyais ni l’avant, ni l’après, juste cette séquence d’explosion et de panique. Je me levais.
De nouveau par la fenêtre, j’aperçus la lueur fantomatique de la silhouette. Je me déplaçai sans bruit jusqu’à mon écran. Les caméras extérieures ne montraient rien, les enregistreurs non plus. Ce qui  bougeait dehors n’existait pas pour mes instruments, pourtant je voyais la forme progresser. J’eus l’impression qu’elle suivait les courbes des roches. Je ne pouvais détacher mon regard de ses déplacements. Une envie de lui emboîter le pas me prit. J’allais vers la porte. Je l’entrouvris sans bruit. Là bas, dotée d’une légère pulsation, la silhouette s’était arrêtée. Je tournai la tête pour attraper mon arme. Quand je voulus me glisser dehors, il n’y avait plus rien.
Quand le jour fut levé, je retournai explorer la zone. Je rentrai bredouille. J’étais énervé. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Je cherchais une idée pour piéger ce fantôme ou ce qui en avait l’apparence. En me préparant à manger, je me connectai à la station d’info. De nouveau, j’entendis parler de moi. On avait vu passer mon F54b, bien célèbre, en direction du palais impérial. La guerre des Marges orientales en était la cause, à coup sûr. Différentes stratégies étaient discutées. Les commentateurs pesaient le pour et le contre de toutes leurs hypothèses. Cela m’énerva encore plus. Voilà quatre jours que je traînais là pendant que Ktanm paradait là-bas. Je lui mis un message crypté sur le RésOrd. Tout mon après-midi fut occupé par mon attente de la réponse. J’allais me coucher sans même avoir eu la confirmation qu’elle avait reçu mes questions. Il me fallut beaucoup de temps pour trouver le sommeil.
De nouveau mon hurlement me réveilla. Je sautai du lit pour aller à la fenêtre. De nouveau la silhouette était là. J’étais persuadé du lien entre mes cauchemars et sa présence. J’observais ses déplacements. J’avais posé des pastilles fluorescentes sur les roches. Je la vis donc suivre les circonvolutions des courbes rocheuses. L’idée me vint que les choses n’étaient pas aussi simples que ce que j’avais lu sur le RésOrd. Je m’étais préparé. J’avais été me coucher habillé. J’ouvris la porte. Elle coulissa sans bruit, mais la forme s’arrêta. Difficile de dire si elle se retourna, mais je sentis son attente. J’avais mémorisé le chemin qu’elle avait suivi. Aller droit vers elle représentait quelques dizaines de mètres, pourtant je choisis sans bien savoir pourquoi de refaire le parcours qu’elle avait fait. Cela me prit plus longtemps que je le pensais de suivre les courbes. Quand je m’approchai, la silhouette reprit son mouvement. Il y eut une résistance. L’air me sembla lourd. Mettre un pied devant l’autre m’évoqua le scaphandrier d’un vieux film avançant péniblement au fond de l’eau. Ma vue se troubla un instant et la lumière m’éblouit.
Je me protégeai les yeux de mon avant-bras, tout en clignant des yeux. Autour de moi, le paysage avait radicalement changé. J’étais dans la rue d’une ville aux maisons curieusement curvilignes. Les façades éclairaient de couleurs vives la rue dans laquelle j’étais. Devant moi, la silhouette luminescente s’était muée en un être vêtu d’une cape et d’une robe qui descendait jusqu’à terre. J’examinais son visage. Je ne pus déterminer si j’avais devant moi un  homme ou une femme. Sur un signe de sa part, je lui emboîtais le pas.


Quand se conjuge le passé privé

lundi 26 avril 2010

Vol

Vole sans vol
Immobile
qui vole, s'envole

dimanche 25 avril 2010

Cinquième épisode

Troisième scène
 
J’étais heureux. Les vols succédaient aux vols. La cartographie avançait bien. Nous avions commencé notre exploration par la périphérie de la région dite des « Marges Orientales ». Grâce à Ktanm, j’améliorais ma connaissance de l’espace. Elle sentait les lignes de forces aussi sûrement qu’un oiseau sent les courants du vent. En se déplaçant, d'une manière que je trouvais hasardeuse, Ktanm tissait sa toile de sensations. Elle m'apprenait à faire confiance au ressenti subtile des forces en présence. Je ne progressais pas assez vite à son goût. Elle avait sur moi l'avantage d'être en prise directe sur l'espace quand moi je devais passer par le truchement des organes du vaisseau. Pourtant petit à petit, il me semblait que je sentais mieux ce qui se passait dans l'univers autour de moi. La confiance me venait aussi. Nous allions passer à la phase suivante : s'enfoncer dans le pays ennemi pour y trouver les voies que ce soient les autoroutes ou les chemins de traverse. 
Pour former au mieux mes pilotes, j'avais introduit un roulement qui évitait aussi les frictions et les préférences. Toutes les décades, mon équipe de pilotes changeait. Cela me permettait aussi de former les pilotes au voyage entre les TET. Passer d'une bulle spatio temporelle à une autre nécessitait précision, courage et sang-froid. Il était vital pour eux de pouvoir réaliser un tel saut de manière réflexe. Ce n'est pas pendant un combat qu'ils pourraient affiner leur pilotage.  A quelques exceptions près, tous les pilotes étaient au niveau requis. Avant d'entamer la deuxième phase, j'avais obtenu une mise au repos de deux décades pour tous les pilotes. Les trois escadrilles furent rapatriées sur Endoor.  On nous fit atterrir sur Arche 12. De là, chacun put rejoindre un point de l'Empire qui lui tenait à coeur. Je n'avais pas de doute sur leur retour dans deux décades. Notre réputation était toujours aussi grande. Je devrais dire la mienne surtout. Lors des vols avec moi, les autres pilotes sentaient bien que le déroulement des faits ne se passait pas comme ils le prévoyaient. Nos passages de TET en TET les déroutaient. Peu d'entre eux sentaient le moment favorable. Quelques uns atteignaient cette capacité, curieusement tous ou presque étaient des Simpalais comme Ktanm. Cette société initiatique à plusieurs niveaux dispensait un savoir que peu d'autres sociétés obtenaient. Leur sensibilité en vol m'évoquait celle de Ktanm, en moins puissante. J’avais accru leur formation pour en faire des chefs de groupe. Ils répandaient le bruit de ma possession par l’esprit du Major Ktanm comme ils disaient. Ce mystère autour de nous attirait comme un aimant.
N’ayant rien à faire de particulier, ma seule famille, un père, était perdue au fin fond de l’espace sur une planète archaïque comme me le montraient les rares missives que je recevais, j’avais décidé de rester sur Arche 12 pour fignoler la suite de notre mission. Je volais tous les jours. Le troisième jour, Ktanm me demanda de la laisser partir. Je ne voyais pas comment elle pourrait se débrouiller sans un pilote à son bord. Alors elle m’expliqua.
Le cinquième jour, je décollais pour prendre quelques jours de repos dans la vallée à l’ouest de Arche 12. J’avais à bord de quoi monter un campement et vivre quelques jours. Comme toujours, Ktanm se posa divinement. Je débarquais mes affaires.
- Tu es sûre, Ktanm, de ce que tu fais ? Un vaisseau sans pilote, ça va faire jaser !
- Ne t’inquiète pas, Right. Là où je vais, personne ne me demandera rien. Tu as tout ce dont tu as besoin ?
- Oui, j’ai même un accès au RésOrd.
- Je serais là dans une décade.
Son décollage en douceur me laissa seul dans une vallée inhabitée. Dix jours, elle m’avait demandé dix jours. Mais pour quoi faire ? Son corps devenu vaisseau me semblait un obstacle insurmontable. Elle avait tenté de me rassurer en me parlant d’initiation supplémentaire pour le bien de notre mission future. Je gardais pourtant une peur cachée au fond de mon ventre. Seul, ici, j’étais impuissant. Il me fallait faire confiance. Je me disais que dix jours n’était pas un temps trop long.
Ktanm m’avait quitté depuis longtemps quand je baissais les yeux qui fixaient le point de sa disparition. Je me dirigeais vers mes caisses et me commençais à monter mon abri.
La nuit s’annonçait.

samedi 24 avril 2010

mercredi 21 avril 2010

Cinquième épisode

Deuxième scène
 

J’exultais.
Derrière moi deux escadrilles de F55 flambant neuf, s’étaient mises en formation pour atterrir.
L’Empereur m’avait donné le grade de colonel et le commandement de cette nouvelle unité de reconnaissance et d’action. Les usines avaient travaillé jour et nuit pour livrer ses nouvelles machines en temps et en heure. Moins anguleux que le F54b, le F55 en reprenait l’architecture. Les pilotes déjà confirmés sur F54b pouvaient ainsi être qualifiés très vite sur F55. Voler sous les ordres de celui qui danse la mort était devenu le rêve de beaucoup de pilotes. Les candidatures avaient été très nombreuses, trop nombreuses. Mon séjour sur Terre Un fut en grande partie rempli par ces sélections. Pour les cinquante places possibles, il me fallut choisir entre mille pilotes. Sans l’aide de Ktanm, je n’y serais jamais arrivé. La présélection fut faite par les instructeurs. Le test final était de voler en binôme avec moi. Ktanm avait une idée précise de qui était bon et mauvais pilote. Les recalés trouvèrent les critères de sélection flous. Personne n’osa discuter ouvertement mes choix éclairés par Ktanm. Mes visites chez l’Empereur décourageaient toute critique. Il nous faisait venir régulièrement pour voler avec Ktanm. Je jalousais cette complicité bien plus ancienne. Ktanm ne voulait rien dire. Je n’osais pas interroger l’Empereur.
Quand les deux escadrilles furent prêtes, l’Empereur nous fit une visite. Son déplacement sur la base lunaire fut un évènement galactique. Il ne sortait quasiment jamais de son palais. Les médias s’interrogèrent longuement sur cette visite. Chacun y alla de son commentaire. L’opinion publique de nouveau se focalisa sur moi. Ceux qui se prenaient pour les mieux informés, émirent l’idée d’un plan tellement secret que seul l’Empereur et moi le connaîtrions. D’autres parlèrent de tocade pour un spadassin peut-être génial mais qui ne pourrait que décevoir dans les temps à venir. Ils firent même des paris sur la durée de vie du phénomène. Je fus étonné de voir s’embuer le regard de l’Empereur faisant ses adieux à Ktanm. Celle-ci resta silencieuse longtemps après notre départ. 
Nos ordres contrairement à la rumeur, étaient simples. Notre faiblesse était de ne pas connaître le terrain où nous combattions. Nous devions faire une cartographie des TET des Marges Orientales et autant que possible frapper leurs flottes. Nous ne devions pas engager de bataille rangée mais opérer par raids et escarmouches. Pendant que nous accomplissions notre mission, une nouvelle armée se réunissait dans le système d’Endoor. Muni de nos renseignements, l’Empereur ne doutait pas de sa victoire.
Nous allions être basés sur un astéroïde perdu dans un système improbable. Ktanm et moi avions découvert ce système par hasard, lors d’une reconnaissance. Pour préparer notre implantation, nous avions circulé sans autre but précis que de rester à proximité des Marges Orientales. A notre sortie du TET, nous avions failli griller. Les réflexes de Ktanm, nous sauvèrent la vie. L’étoile mourait. Son expansion était commencée. Elle englobait déjà le centre du système. S’il y avait eu des planètes, elles avaient disparu dans le brasier. Les TET intérieurs étaient devenus des pièges mortels débouchant au cœur de la fusion stellaire. Nous avions débouché à la limite du tolérable. Après avoir pris une distance de sécurité, j’avais analysé l’équilibre du système. La ceinture d’astéroïdes ne serait pas atteinte avant trois ou cinq années locales. Cela nous laissait largement le temps de mener à bien notre mission. Par contre pas un vaisseau hormis les F55 ne pourrait virer assez court à la sortie du TET pour éviter le feu de l’étoile expansive. Nous avions exploré les autres TET plus lointains. La marge de sécurité avant une possible attaque faisait de la ceinture d’astéroïdes une forteresse naturelle. Aucun gros vaisseau ne pourrait s’aventurer sans risque dans cette zone, quand aux éventuels chasseurs ou petits bombardiers ennemis nous n’aurions aucun mal à en venir à bout.
La construction de la base fut un défi technologique. Pour acheminer le matériel sur l’astéroïde que nous avions surnommé Double Huit, en raison de sa forme, nous avions inventé un système de remorque pour les chasseurs. Le virage de sortie du TET était un challenge potentiellement mortel, avec les F55 en limite de surcharge. Par bonheur, il n’y eut que deux pertes à déplorer, rapidement comblées par les candidats qui se pressaient toujours pour faire partie des escadrilles qui dansent la mort.
Un personnel de maintenance réduit, pas ou peu de matériel sur place, étaient les caractéristiques de la base du Double Huit. La défense était assurée par quatre chasseurs en vol. L’astéroïde était devenu comme un vaisseau mère, servant au ravitaillement entre deux missions. Un roulement était prévu avec une troisième escadrille qui arriverait dès que le F55 seraient prêts.
Je me posais en premier. J’allais vers un des sas en pensant que les choses sérieuses allaient commencer dès le lendemain. Je pensais tout haut :
- Ce sera la gloire ou la mort !
- Et comme je n’ai pas envie de mourir…
La voix de Ktanm me fit sourire, l’avenir était à nous.

lundi 19 avril 2010

Hasard

ou pas. 
Belle parce que là.

dimanche 18 avril 2010

Cinquième épisode

Première scène
 

L’Empereur avait voulu me voir. Je volais vers Terre Un. Je me remémorais tout ce qu’on m’avait dit. J’avais mémorisé le protocole. Il ne fallait pas que je fasse un impair. Ktanm rigolait tout en m’aidant à réciter toutes les formules.
- Right, tu sais quand même que tu es un héros ?
- Je sais, Ktanm. Mais c’est l’empereur que je vais rencontrer.
- Non, Right. Que nous allons rencontrer.
- Dans le protocole, il ne parle pas de vaisseaux. Je ne sais pas ce qui va t’arriver.
- Ne t’inquiète pas, Right. J’ai ma petite idée. Nous arrivons près de Terre Un. Je vais nous caler sur le bon couloir aérien.
Pour une fois, je laissais toute liberté à Ktanm. J'étais trop nerveux pour être attentif. Je repensais à tout ce qui m'était arrivé.
Les médias avaient surtout parlé de mes exploits. Bien sûr, la bataille d'Endoor était une défaite majeure. C'est par millions que se comptaient les morts. Certains me touchaient plus, Les frère Silu, Saktin, les pilotes qui avaient été sous mes ordres. Par contre je ne pleurais pas le major Skatn, ainsi que quelques autres. Les bombes à fission avaient tout nettoyé, le bon comme le mauvais. L’amiral avait demandé un contrôle de nos enregistreurs de vols. C’est ainsi que je fus crédité d’un nombre record de victoires. Ktanm aussi, était à l’honneur mais à titre posthume. Personne ne discuta mon désir de garder ce F54b modifié. Il fut même copié pour devenir le F55.
Dans les semaines qui suivirent, je fus harcelé par les médias. Je racontais et re-racontais mon combat. Des simulations étaient projetées en boucle sur certains canaux. Sur le RésOrd, on pouvait même voir la première simulation faite sur le disrupteur. La communication impériale fonctionnait à merveille. D’une défaite cuisante, elle faisait une victoire. D’un pilote, elle faisait un héros à admirer. Un jour, un programmateur me montra le jeu vidéo qu’il avait tiré de la bataille. J’acceptais d'y jouer un peu. Si les commandes du F54b étaient bien reconstituées, il manquait des sensations de vol que jamais un rampant ne pourrait avoir. Ce jour là je fis un score honorable. Le programmateur insista pour entrer dans les scores, mon nombre réel de victoires, ainsi que celui de Ktanm. La danse de la mort, comme s’appelait ce jeu, devint une référence et un mythe rapidement. Les meilleurs champions du virtuel ne purent égaler le record.
Sur le RésOrd, j’étais devenu : celui qui danse la mort. Pour des raisons de com., l’amiral m’avait constitué un secrétariat qui répondait aux milliers de courriels. Il avait des ordres précis de la part de l’Empereur. Endoor se repeuplait. Des milliers de structures et de vaisseaux sillonnaient ses orbites. Un deuxième disrupteur était arrivé. L’Empereur avait décidé. Une nouvelle flotte se réunirait à Endoor et serait victorieuse. L’amiral Tchecanstin avait été la dernière victime de cette défaite. Il était désigné comme le responsable de l’impréparation de la flotte d’Endoor.
J’abordais l’atmosphère de Terre Un. Le contrôle aérien me contacta.
- Vaisseau secteur 24, couloir 12, identifiez-vous !
- Ici, lieutenant Right venant de Endoor pour l’astroport A. Code 12 24 67 32.
J’entendis aussi le crépitement des circuits de Ktanm qui lançait les séquences de reconnaissance pour les défenses aériennes. Je fus très surpris quand j’entendis :
- Excusez-moi, Lieutenant. Je n’avais pas vu votre code 4. Prenez le couloir 3 et passez sur le canal 2 pour le contrôle principal. Bon Vol.
- Ktanm, c’est quoi ce code 4.
- C’est mon code, Right.
- Et ça veut dire quoi ?
- Nous sommes prioritaires.
J’assimilais l’information. Pas d’attente à tourner en rond, nous allions nous poser directement. J’avais droit à un traitement de VIP. En quelques minutes la capitale fut en vue. L’astro-aéroport avec ses quinze pistes était impressionnant. Mes yeux radars repéraient les différents appareils en vol.
- Vaisseau Code 12 24 67 32, identifiez-vous !
J’allais répondre quand Ktanm me coupa la parole.
- Laisse, Right. Je gère.
- Ici contrôle principal, Code 4 accepté. Prenez au 160, et passez sur canal code 4.
- On ne se pose pas Ktanm ?
- Non, pas encore !
Laissant l’astro-aéroport, nous nous dirigeâmes vers la capitale. Je sentais les flux d’informations que Ktanm échangeait avec le contrôleur. A mes questions, elle répondait simplement qu’elle était Code 4 et suivait la procédure.
Ma panique monta d’un cran quand quatre chasseurs des gardes-empereur se mirent en position d’attaque pour nous couper la route. Automatiquement je me mis en position de défense. Ktanm ne me laissa pas faire. Elle poursuivit sa route sans dévier. Je voyais déjà la collision. Il n’y en eut pas. Le groupe d’attaque se mua en escorte comme par magie. En voyant la piste, je compris, nous allions atterrir au cœur même du palais impérial sur le tarmac personnel de l’Empereur. Je ne comprenais plus rien.
Ktanm se posa comme à l’exercice. Elle avait à peine verrouillé ses vérins qu’un homme s’avançait. 
Je déclenchais l’ouverture de mon cockpit. Quand mon fauteuil tourna pour me permettre de descendre, je me trouvais nez à nez avec lui. Je tombais genou à terre.
- Relevez-vous, Colonel Right ! Allez m’attendre avec les officiels, Ktanm et moi avons beaucoup de choses à nous dire.
Je ne trouvais rien à dire ! Colonel ! L’Empereur m’avait appelé Colonel. Je marchais sur un nuage vers le cordon des officiels quand le sens des autres paroles qu’il avait dites, arriva à ma conscience. Je me retournais pour voir l’Empereur disparaître sur mon fauteuil dans le tunnel d’accès au cockpit. Des gens coururent en criant
- Non !!!!
Ils n’atteignirent jamais le chasseur. Ktanm avait fait un décollage d’urgence. Les chasseurs des gardes-empereurs se mirent en position d’escorte et le groupe disparut à notre vue à une vitesse interdite dans tous les protocoles.
- Mais qu’est-ce que vous avez fait ?
Je me tournais vers celui qui m’interpellait. Son habit de cour était superbe, mais ne me renseignait pas sur sa fonction. Il frotta sa manche. Un clavier virtuel apparut devant lui. Ces doigts coururent dessus. Je remarquais alors qu’il portait des lunettes écran. Garde du corps ? Chef du protocole ? J’avais encore mon casque de pilotage. Je pensais :
- Ktanm, qu’est-ce que tu fais ?
Aussi claires que des paroles, sa réponse me parvint :
- J’accueille un vieil ami. Je reviens.
J’allais poser une autre question quand :
- Vous suivez-moi ! Ça ne va pas se passer comme cela.
La menace était implicite. Mais comment lui expliquer que mon chasseur n’en était pas un.
- Sa Majesté n’a pas piloté depuis plus de quarante ans. J’avais bien dit que tout cela finirait mal.
Sur un geste du personnage, quatre gardes-empereurs m’encadrèrent. L’ombre d’un sourire courait sur leurs visages. Nous suivîmes sans un mot. Je voyais s’agiter devant moi la silhouette tressautante et râlante qui m’évoquait les grands pseudo-singes de Mondquatre.

vendredi 16 avril 2010

jeudi 15 avril 2010

mercredi 14 avril 2010

mardi 13 avril 2010

lundi 12 avril 2010

Quatrième épisode


Scène huit

La fébrilité régnait partout. J’étais le seul tranquille au milieu de ce tumulte. Quelqu’un avait dû mettre un coup de pied dans cette fourmilière. J’avais laissé Ktanm repartir. Cela avait étonné. Personne n’avait rien dit puisqu’il n’y avait pas d’ordre contraire. Assis, attendant que l’amiral me fasse entrer dans son bureau, je voyais l’activité qui régnait dans la grande salle de commande. Des centaines de sondes et de vaisseaux d’observation avait été largués. Je voyais et j’entendais arriver les résultats de leurs investigations. Les spécialistes des combats décryptaient tous les indices. Ils reconstruisaient le puzzle des évènements que j’avais vécus. De temps à autre au début de mon attente puis plus souvent après des regards se tournaient vers moi. Je pensais que je les intriguais. J’avais tort mais je ne l’appris que plus tard.
- Lieutenant Right ?
Je me levais d’un bond. Un commandant me tendait la main après un bref salut peu protocolaire. Je répondis et au salut et à la poignée de main.
- Entrez, l’amiral vous attend.
Il me précéda dans le vaste bureau de l’amiral. A droite, une carte holographique du système d’Endoor. Des points jaunes brillaient ça et là. Autour de la carte de nombreux gradés, avec à leur centre l’amiral, debout, semblait donner des ordres. Devant moi, un vaste bureau surchargé d’écrans avec de part et d’autres des personnels féminins pianotant sur leurs terminaux. A gauche, une autre console à carte holographique était éteinte.
- Ah ! Lieutenant Right !
Je me retournais vers l’amiral qui venait de m’apostropher. Je saluais et me mis au garde à vous.
- Repos, Lieutenant Right, repos. Ici pas de protocole, nous sommes là pour travailler. Endoor a été attaquée et quasi détruite. Sur la carte, les quelques ponts jaunes représentent les survivants. Vous voyez, il y en a peu. Seul Arche 12 semble avoir échappé au massacre. Toutes les autres installations sont endommagées ou détruites. Donnez-moi votre version, Lieutenant.
Je me lançais dans des explications qui ne durèrent pas longtemps. Je n’avais eu aucune vision d’ensemble de la situation. Je ne me rappelais que d’instants de combat, de saut dans les TET et d’attaques encore et toujours jusqu’à épuisement.
- Bien, bien Lieutenant. Selon les premières investigations, il semblerait que les patrouilles aériennes aient été trop peu nombreuses au moment de l’attaque. La vôtre a été la première et la dernière aussi.
- Amiral, nous sommes prêts !
L’amiral se dirigea vers la console holographique éteinte, suivi par tous ses conseillers. Il s’assit imité par tous ceux qui trouvèrent un siège. Je restais debout derrière lui. La lumière apparut et se déploya. Le système d’Endoor clignota avant de se stabiliser.
- Nous nous sommes calés au temps zéro de l’attaque. Voyez au niveau de l’orbite de la deuxième planète, il y a un TET qui s’ouvre. Nous avons été obligés d’estimer les forces ennemies. En opaque vous verrez ce dont nous sommes sûrs et en semi transparent les hypothèses qui expliquent le plus de faits. Voici la commande, Amiral, le zoom est à droite et le pad de déplacement à gauche. Pour démarrer appuyer sur le bouton vert.
Je vis le pouce de l’amiral se contracter sur le bouton vert. Immédiatement la simulation holographique démarra. Il y eu un flou devant les étoiles lointaines, un cercle s’ouvrit vomissant un torrent de vaisseaux des Marges Orientales rouge comme une coulée de lave. Se précipitant dans les TET locaux, ils disparaissaient pour refaire parler d’eux près de chaque planète. On voyait des éclairs sur les sphères planétaires. A chaque fois une tache jaune disparaissait. Il ne resta bientôt plus que Arche 12 qui brillait. Je compris que l’amiral avait choisi une vitesse accélérée pour avoir une vision d’ensemble.
Il joua avec sa télécommande. Nous étions revenu au commencement. Zoomant sur la troisième planète, il fit un gros plan sur les attaquants. Je reconnu les vaisseaux que j’avais combattu. Ils larguaient des missiles chargés de bombes à fission. Leurs impacts au sol étaient dévastateurs. Les ondes de chocs écroulaient tout, les ondes de chaleurs détruisaient le reste. La simulation se déplaça autour de la planète suivant l’impact des bombes. Le bombardement s’arrêta devant la haute chaîne de montagne qui barrait le continent vers le sud. Cela épargna Arche 12.
Tout se brouilla à nouveau, pour revenir au début. Nous suivions maintenant un groupe de chasseur bombardier. Il échappa à nos regards en rentrant dans un TET. Pour moi qui connaissais bien le système d’Endoor, je compris que l’amiral suivait le groupe qui s’en était pris à la lune Alpha. D’ailleurs la simulation se cala sur la sortie du TET pour voir la sortie des ennemis. Mon regard fut attiré par le groupe de FK12 qui partait à l’exercice. Je m’attendais à le voir, mais la simulation montra le bombardement débuter pendant que des F54b prenaient leur envol. Je revis mon groupe décoller. Je sus que c’était nous car nous étions le premier groupe. Je vis nos regroupements et le début de la contre-attaque. Un point bleu se fixa sur l’image de F54b.
- Je marque votre chasseur, lieutenant Right. La simulation va vous suivre.
Je me vis attaquer le premier chasseur bombardier, je vis le tir de Ktanm détruisant les torpilles qui m’étaient destinées. Je découvris la suite que j’avais oubliée. Bondissant de lieu en lieu, nous attaquions les chasseurs bombardiers avec un taux de succès important. Je vis le FK12 de Saktin se faire détruire après avoir épuisé toutes ses bombes colorantes. Je me vis attaquant encore et encore. Les souvenirs me revenaient. La trappe d’accès des chasseurs bombardiers n’était pas assez réfléchissante. Là était leur point faible et je l’avais trouvé. J’en avais éprouvé une joie haineuse. Ils allaient payer. Je me vis toujours flanqué de Ktanm disparaître dans un TET pendant que les frère Silu continuaient vers un autre groupe ennemi. La simulation me suivi quand je jaillissais d’un TET pour détruire et replonger dans un autre TET. Parfois l’image décrochait. Elle se recalait très vite. Je savais pourquoi. Nous avions, Ktanm et moi, basculé d’un TET dans l’autre et nous n’étions pas ressorti au point prévu. Le passage incessant de TET en TET, nous permettait de jouer aussi avec le temps. Malgré sa qualité la console holo peinait à suivre.
L’image se figea. L’amiral fit un geste. Un technicien s’approcha, fit quelques réglages avec la télécommande. L’image clignota pour se recaler sur notre décollage. Je vis mon chasseur laisser derrière lui un sillage bleu. La simulation se régla sur une vue générale du système d’Endoor. Bientôt, je vis un trait bleu courir autour de la lune alpha puis près de la deuxième planète, pour apparaître quasi simultanément autour de la lune quatre, puis près de la deuxième orbite, puis un peu partout. Le système d’Endoor se remplissait du bleu de mes trajectoires, comme un enfant gribouillant sur une feuille de papier, ne laisse plus de blanc.
- Vous avez dansé la mort, Lieutenant. Je comprends pourquoi, ils se sont repliés. Vous avez avec vos chasseurs, détruit plus de la moitié de la flotte d’attaque.
Je sentis tous les regards fixés sur moi. Je n’avais pas eu conscience de cela. Mon compteur de victoire indiquait un chiffre tel que je l’avais cru en panne. En fait, il disait vrai.
- L’Empereur sera fier de vous, Lieutenant. Dommage que le Major Ktanm n’ait pas survécu.
L’amiral se leva.
- Messieurs, nous pouvons applaudir le lieutenant pour cet exploit.
Tous les présents se mirent debout et joignirent leurs applaudissements à ceux de l’amiral. Un sentiment d’irréalité m’envahit.

dimanche 11 avril 2010

samedi 10 avril 2010

Quatrième épisode


Scène sept


Deux autres chasseurs et un FK12 avaient réussi à regagner Arche 12. Mon F54b était très endommagé. Celui de Ktanm l’était moins même après sa glissade. J’avais demandé à l’équipe de maintenance de récupérer les pièces de mon chasseur pour refaire celui de Ktanm. Cette base comme toute les bases de maintenance portait le nom de Arche suivi d’un numéro. Elle venait d’être mise en service et aurait dû recevoir les vaisseaux techniques comme les nettoyeurs ou les ravitailleurs. En raison des retards, elle était presque vide. C’était la seule explication à l’absence de bombardement. Les véhicules terrestres étaient partis explorer la planète. A chaque retour, nous avions droit au même compte rendu : disparu sous les bombes. Les savants des Marges orientales maîtrisaient parfaitement la fusion. Leurs bombes à fusion ne laissaient quasiment aucun résidu radioactif. Les sites étaient propres prêts à être colonisés.
Comentick, le colonel dirigeant Arche 12, s’attendait chaque jour à voir débarquer les margiens. Les jours passaient sans qu’ils ne reviennent. Le colonel ne comprenait ce qu’ils attendaient, lui aurait profité de sa victoire pour assurer une solide tête de pont. Il avait mis la base en alerte. Il y avait eu d'ailleurs un branle-bas de combat quand les grandes oreilles qu'étaient les transmetteurs, avaient signalé de curieuses émissions venant de la région de l'espace proche du TET de Epsilon850. Cela avait duré quelques heures et tout avait cessé. Le colonel et les transmetteurs se repassaient les enregistrements. Avec la rotation de la planète, ils n'en avaient que les échos renvoyés par les satellites avant de les recevoir en direct.
- Cela ressemble aux procédures de l'Empire mais les codes sont différents.
- Vous pouvez décoder?
- Non, Colonel. Notre base n'est pas habilitée à recevoir les transmissions hors planète en clair. 
- Comment savoir? Ennemis ou amis?
- On ne peut pas savoir. Les radars montrent une trace de vaisseau devant le TET d'Epsilon 850. Mais comme pour le reste nous n'avons pas l'équipement pour savoir. Il aurait fallu faire décoller un chasseur au risque de nous faire repérer.
- Trop dangereux ! Nous allons continuer à fonctionner en huis clos. Si tout va bien, les vaisseaux de secours ne vont pas tarder. Ils auront les codes pour nous joindre.
Je comprenais le colonel. Il disposait de techniciens en grand nombre, mais pas suffisamment de soldats. L’effectif de son armée volante se comptait sur les doigts d'une seule main avec quatre chasseurs dont un ne pourrait pas être réparé et un FK12.  Toutes les communications avec le reste du système d'Endoor avaient cessé. S'il y avait des survivants, nous ne pouvions ni les joindre ni les secourir et encore moins en attendre du secours.
Je n’avais rien à faire. Je traînais mon ennui et ma peine dans le hangar trop vaste où nos chasseurs étaient parqués. Je tarabustais les techniciens pour qu’ils réparent au plus vite le F54b de Ktanm. J’en profitais pour y faire apporter quelques modifications. Je voulais des canons à obus colorants. Je voulais aussi qu’ils m’installent une radio à ultra-ondes. Ce n’était pas dans les protocoles. Si bien qu’ils se firent tirer l’oreille. Ils cédèrent pourtant devant mon insistance et leur propre ennui. Trouver comment monter ce bazar dans un F54b, les occupa toute une journée.
Quand le jour revient le chasseur était prêt. J’obtins du Colonel le droit d’aller faire des essais. Les autres pilotes étaient encore incapables de reprendre les commandes. Nous mîmes au point un protocole d’échange radio. Nous étions à la troisième heure du dixième jour après les combats. Tenkiu  m’avait dit en aparté que lui et ses copains s’étaient lâchés sur la machine. Les moteurs n’étaient plus ceux d’origine mais des pièces de Z45, pas plus gros, mais quatre fois plus puissants. Les radars et autres générateurs de champs avaient aussi été changés.
- Je crois qu’on s’est laissé entraîné, me dit-il. Jamais nous n’avons bricolé comme cela un vaisseau. Le plus curieux, c’est que tout semble s’entendre.
J’étais impatient de l’essayer. Le décollage me laissa abasourdi. Je sentais à la fois la poussée extraordinaire de la machine et je ne m’écrasais pas. Un nouveau générateur de champ pilote gérait les G. Avec de tels équipements, j’eus un sentiment de toute puissance. Une larme coula, puis une autre. Je pensais que si Ktanm avait eu ce chasseur transformé, elle serait encore là. Je m’éloignais de la troisième planète. Mon plan de vol prévoyait que je fasse le tour d’une des lunes, puis que je croise l’orbite de la quatrième planète et que je rentre. Mes pensées allèrent vers Ktanm pendant que je filais vers la lune 3D. Elle était la seule victime que nous ayons sur la base d’Arche 12. Son inhumation nous avait permis de rendre hommage à tous les morts de cette bataille perdue. Sa tombe regardait vers le soleil levant selon le protocole en usage sur Simpalaa. Les yeux embués, je déclenchais les enregistreurs à courte et longue portée. Le but était de savoir s’il y avait d’autres survivants.
Je me concentrais sur le pilotage. Il y avait toujours beaucoup de débris au loin. Les champs de protection et de défense semblaient doués d’une vie propre. Ils se mettaient en route et se coupaient seuls en fonction des données des différents capteurs radars. Les moteurs non seulement étaient plus puissants mais ils consommaient moins d’énergie. Les techniciens avaient bien travaillé. A croire qu’il avait rendu ce F54b intelligent. Je pénétrais dans un nuage de débris de toutes sortes. Les radars et les champs de protection réagissaient à la perfection. Encore une nouveauté, si je tournais mon regard vers un objet, une bulle d’info me donnait tout ce que je voulais savoir. Je sursautais, cela voulait dire que même les ultra-ondes fonctionnaient en plein vol et que j’avais accès au RésOrd. 
Ayant contourné la lune 3D, je remis la puissance. De nouveau la sensation d’accélération fut jouissive. Je filais vers l’orbite de la quatrième planète. Je serais à portée d’enregistreur dans quelques minutes. Le colonel allait être content. J’aurais des informations précises sur ce qui restait sur la quatrième planète. Je me concentrais sur ma tache. Encore quelques secondes…
Le F54b décrocha brutalement sur tribord. Sans le générateur anti G, j’aurais été réduit en bouillie sanguinolente dans mon cockpit. Le tir du disrupteur me rata de peu, mais il me rata. Un disrupteur ici dans le système d’Endoor, je n’en revenais pas. L’énorme vaisseau, un des quatre que possédaient l’Empire, venait de surgir du TET72 près de l’orbite de la quatrième planète. On les appelait des disrupteurs en raison de leur armement particulier. Contrairement aux lasers qui détruisaient leur cible en lui transférant plus d’énergie que ce qu’elle pouvait absorber, les disrupteurs annihilaient tout, y compris l’espace-temps. Son deuxième tir n’eut pas plus d’efficacité, mon chasseur avait quitté la ligne de tir juste avant son déclenchement. Je cherchais un TET à proximité quand une entrée s’ouvrit devant moi. Je rejaillis sur la face cachée d’une lune de la quatrième planète. Je me dis que j’avais de la chance, tellement de chance que ce n’était pas normal. J’étais un excellent pilote mais ce que je venais de faire confinait au génie du pilotage. Ktanm en aurait été capable, pas moi.
- Ktanm ?
- Il t’a fallu du temps Right !
- Ktanm !!!!! Mais tu es où ?
- Là où j’ai toujours rêvé d’être. Je suis le Chasseur. Ce que tu as enterré n’est qu’une enveloppe vide. En Ecotrois, j’ai achevé mon initiation commencée sur Simpalaa. Mon Maître avait raison. Même cela nous est possible.
- Que va-t-on faire avec le disrupteur ?
- Je m’en occupe. Son pilote est Simpalais aussi. C’est un initié de niveau huit. Je sais comment lui dire qui nous sommes. Par contre Right, jure-moi de ne jamais révéler ce que tu viens d’entendre. Ce serait ma mort, la vraie.
- Je te le jure Ktanm.
- Alors, allons-y !
Le chasseur fit un bond en avant. Elle avait des champs de camouflage. Le disrupteur ne nous détecta pas. Ktanm se positionna devant l’œil de la caméra du pilote avant de se faire reconnaître. Il eut un grésillement dans la radio et une voix étouffée murmura. 
- Maître Ktanm, ça suffit! Je te donne les codes de reconnaissance.
J’entendis la télétransmission des données de reconnaissance. Apparut devant mes yeux, la silhouette d’un capitaine.
- Vous êtes autorisé à aborder sur le pont 4, entrée 12. Donnez identification vocale.
- Ici lieutenant Right, commandant de la base de la lune Alpha, réfugié sur la base Arche 12 après les combats.
- Bien reçu. Dès que vous aurez été arrimé, l’amiral vous recevra.

mercredi 7 avril 2010

Quatrième épisode

Scène six
 


Nous volions dans un océan de débris. Les combats avaient duré, duré. La fatigue m'emplissait. Je sentais les blessures du chasseur comme miennes. Je sentais l'épuisement des réservoirs. Je sentais la difficulté à régénérer mon oxygène. Ma parole était onde électromagnétique. Mes yeux, mon toucher étaient capteurs. J'appelais Ktanm
- Ktanm, ici Right
- Je t'écoute Right.
- Comment tu te sens. Tu es presque rouge.
- Comme toi, Right, comme toi.
- Mes jauges me donnent dix heures. Avec un moteur, je peux peut être atteindre la troisième planète. Il te reste combien ?
- Assez pour y arriver.
Je n’insistais pas. Trop de fatigue et la certitude qu’elle ne me le dirait pas même si elle était à deux doigts de mourir.
- Tu sais où sont les frères Silu ?
- Non, Right. Je les ai perdus quand nous sommes arrivés près de la quatrième planète, lors de la bataille avec les bombardiers et leur escorte.
Mes souvenirs n’étaient pas trop précis. Normalement, tout était enregistré. Je pourrais revoir cela mais pas maintenant, au débriefing. Nous avions compris qu’une attaque de grande envergure se déroulait quand après avoir mis en déroute les chasseurs-bombardiers, nous avions découvert les escadrilles qui filaient vers le centre du système d’Endoor. Un nouveau TET s’était ouvert. Nous ne le connaissions pas mais eux l’avaient manifestement trouvé. Fort de notre tactique toute neuve, nous avions défendu le système intérieur. Passant de TET en TET, virant parfois à l’intérieur, nos F54b avaient été sur tous les fronts. Combien restions-nous ?
Je n’avais  plus assez de puissance pour contacter et répertorier tout le monde. L’ennemi était reparti. Derrière lui, il laissait des décombres par milliers. Nous lui avions fait payer aussi cher que possible son intrusion dans le système d’Endoor, mais les grandes bases ne répondaient plus, la lune Alpha non plus. Sur la troisième planète, nous avions eu une réponse d’une petite base de maintenance. C’est vers elle que nous nous dirigions.
Le temps s’écoulait lentement. Pour économiser le carburant, nous volions sans accélérer. J’avais coupé tout ce qui n’était pas nécessaire. Je m’étais mis en économie de niveau un. Tout ce qui était à longue portée était éteint. Il me restait tous mes sens à court rayon d’action. C’est ainsi que je découvris un FK12 rouge sombre sur bâbord. Le pilote devait être encore vivant. Il courait sur son erre. Nous ne pouvions rien pour lui. Normalement après les combats, des nettoyeurs parcouraient le champ de bataille pour récupérer machines et pilotes. Aujourd’hui rien de cela. J’avais l’impression d’une fin du monde. Ma respiration difficile me laissait imaginer son agonie dans son cockpit. Etait-il encore conscient ?
- Ktanm, ici Right.
- Je t’écoute Right !
- Tu as vu le FK12.
- Non Right, je suis en écodeux. Je vais même passer en trois.
Une sueur glacée me courut dans le dos. Ecotrois voulait dire qu’elle ne garderait que le strict nécessaire à sa survie. Après, il ne lui restait que la mise en suspension. Toutes les fonctions vitales seraient suspendues dans une bulle d’espace temps. On retrouvait parfois un pilote comme cela perdu depuis des années, son vaisseau dérivant. La réanimation n’était jamais automatique.
- Je passe devant toi et je me mets en écodeux.
- OK, Right, Merci. Je passe en écotr…
La communication s’arrêta brutalement. Je fis la manœuvre qui me plaça devant elle. Je ne gardais que mes boucliers avant, mes radars avant. J’eus l’impression de rentrer dans un tunnel. Je fis une dérogation à l’écodeux, je rebranchais à minima le radar arrière pour voir le F54b de Ktanm. Nous étions parfaitement axés. Dans cinq ou six heures nous serions arrivés. A moins qu’un météorite nous frappe en choc latéral. Nous prenions le risque. Nous n’avions pas le choix.
Le temps sembla s’éterniser. Je voyais arriver des échos que le bouclier repoussait. Ktanm suivait. L’épuisement me gagnait. Mes jauges étaient dans le rouge. Mon oxygène était descendu à dix-huit pour cent.  Je ne bougeais plus. Seul mon cerveau travaillait. Je m’interrogeais sur les évènements qui venaient de se passer. J’en arrivais à la conclusion que nos ennemis avaient eu accès à des plans du système d’Endoor. Ils avaient trouvé un TET que nous ne connaissions pas. A moins qu’ils aient profité d’un nouveau TET. Ils devaient savoir que l’Empire préparait une nouvelle offensive et que de nombreuses troupes seraient massées ici en attendant le jour J. La puissance de leur attaque en disait long sur leur détermination. Je m’interrogeais sur ce que l’Empereur allait dire. Puis mes pensées allaient vers Ktanm, toujours visible sur l’écran arrière. J’essayais de me remémorer les combats et ce que je savais des frères Silu ou des autres. Je n’osais interroger mes ordinateurs tous en veille. J’étais trop juste en puissance. Je passais par des phases de désespérance. Le temps ne passait pas assez vite et mes jauges flirtaient avec le zéro. Puis je me reprenais. J’essayais de me décontracter. La distance qui nous séparait de la troisième diminuait. Je me parlais.
- Plus que trois heures et quelques avant de se poser, allez, mon petit vieux, ça va se faire !
Par moment, je somnolais. A mes réveils, je trouvais que cela n’allait pas assez vite. Mon oxygène diminuait encore. Je fermais les yeux quelques instants.
Biiip......biiip......biiip......biiip......biiip......biiip......biiip
J’ouvrais les yeux brutalement. Devant moi, la troisième planète grossissait. Je désactivais l’alarme. Je fis le tour des instruments. Mes jauges étaient toutes à moins de un pour cent. Tout allait se jouer sur leur précision. L’ordinateur me donnait juste assez de temps pour me poser car la troisième planète possédait une atmosphère qui bien qu’assez ténue, allait nous freiner. Il fallait maintenant que Ktanm reprenne sa machine en main. Nous ne pouvions pas nous suivre dans ses phases d’atterrissage. Je coupais mon écran arrière dès que je vis qu’elle s’était écartée de mon axe. Je ne pouvais rien faire de plus pour elle.
- A tout à l’heure en bas, Ktanm !
Je ne savais pas si elle m’entendait. Je savais qu’elle ne me répondrait pas. Je me concentrais sur le pilotage. Le bouclier avant se mit à chauffer. Immédiatement, les convertisseurs se mirent en marche. Je ressentis tout de suite le retour de la puissance énergétique. Le taux d’oxygène reprit sa valeur normale. Les jauges frémissaient. Si l’ordinateur avait bien calculé, l’énergie récupérée dans la rentrée atmosphérique, serait juste suffisante pour que je puisse me poser. J’espérais qu’il en était de même pour ma coéquipière.
Nous avions trois révolutions à faire en très haute altitude avant d’avoir perdu assez de vitesse pour plonger dans l’atmosphère. Je ne savais rien de cette planète. Je n’avais même pas assez d’énergie pour brancher mes caméras. Mon tachymètre indiquait que le freinage se passait bien. L’altimètre se cala sur la fréquence de la base juste avant que nous plongions. Il me restait une heure de vol atmosphérique et ce serait fini. Je ne savais pas où en était Ktanm. Elle m’avait sauvé la vie plusieurs fois et je ne pouvais rien pour elle. Cette impuissance était douloureuse.
- Ting !
Le signal sonore de verrouillage me ramena au présent. Mon chasseur avait détecté la balise finale. Je regardais les jauges. L’ordinateur avait raison, j’avais juste assez pour activer mon champ de sécurité d’atterrissage. Tout se passa comme à l’entraînement. Je glissais sur le champ de force et je me positionnais le plus loin possible pour laisser la place à Ktanm. IL restait de l’énergie. Je branchais mes caméras extérieures. L’image se stabilisa juste à temps pour voir le chasseur de Ktanm arriver en approche. Comme toujours, c’était parfait. La machine se posa en douceur glissa sur son champ d’atterrissage et …tout bascula.
Sous mes yeux horrifiés, je vis le chasseur toucher violemment le sol. Le frottement du métal sur le tarmac fit une gerbe d’étincelle. Elle allait droit vers le bout de la piste. Je voyais le sol très inégal autour de la base. Je pensais au pire. Je perdis la vue. J’étais bloqué dans mon chasseur sans énergie. Mes yeux écrans éteints ne m’étaient plus d’aucune utilité. Je tapais sur le bouton d’éjection rapide. Le sas s’ouvrit. Mon siège glissa sur ses rails vers la sortie. La lumière éblouit mes yeux physiques. Je tombais dans les bras des techniciens venus me récupérer. Je hurlai :
- L’autre chasseur !
- Il s’est arrêté, lieutenant. On essaye de sortir le pilote.
- Emmenez-moi là-bas.
- Oui, Lieutenant.
Ils me hissèrent plus que je montais dans le véhicule. Je bouillais d’impatience. Nous approchâmes du F54b. Une chaleur intense s’en dégageait encore. Les techniciens s’affairaient déjà sur le sas du cockpit. Malheureusement la porte résistait. Le temps passait sans que le sas ne s’ouvre. Je craignais de plus en plus pour Ktanm. Elle allait manquer d’oxygène. Sous la traction des vérins, la porte céda. Il y eut le chuintement d’air caractéristique d’une mise en équipression. Le technicien mit en route manuellement l’éjection du pilote. Je vis arriver le siège. Quand je vis Ktanm, je compris. Elle avait cessé de vivre.
Heureusement un technicien me soutenait. J’étais effondré. Elle avait réussi une dernière fois à ramener son vaisseau entier. Une console de secours fut branchée. Les instruments de bord se rallumèrent.
- Mais c’est impossible !...
La voix du technicien me toucha à peine.
- Regardez ! C’est impossible !
Tous nos regards convergèrent vers la console.
- Parle, Tenkiu. Qu’est-ce qui est impossible ?
- Elle n’a pas pu atterrir.
- Ne dis pas n’importe quoi, Tenkiu.
- Je ne dis pas n’importe quoi, chef ! Les enregistreurs sont formels. Son cœur a cessé de battre voici quatre heures.

mardi 6 avril 2010

vendredi 2 avril 2010

Quatrième épisode

Scène cinq 

 
Notre groupe était le plus efficace. Cela nous sauva la vie. Encore une fois nous étions les premiers à décoller. La poussée fantastique des moteurs de décollage me ravissait comme toujours. Collé à mon siège, je posais la question à Ktanm en cherchant de mes yeux radars les leurres à détruire
- De leader bleu à Charognard. De leader bleu à Charognard.
- Charognard, je t’écoute Leader bleu.
- C’est parce que tu m’as vu avec le major que tu as déclenché la sirène.
- J’ai rien fait Right. Je croyais que cela venait de toi.
Brutalement la réalité fit irruption. Derrière nous les lumières qui naissaient étaient les déflagrations des bombes. Soolims avait été un bon entraîneur.
- De leader chef à tous. De leader chef à tous. Ce n’est pas un exercice. Ce n’est pas un exercice. Canal code 5 et faites vous connaître.
Les réponses arrivèrent. Nos F54b prenaient de la vitesse. J’entendais les « Merde ! Merde ! Merde ! » des frères Silu qui prenaient la mesure des forces attaquantes. Un rapide tour des instruments m’avait renseigné. Nous étions face aux fameux vaisseaux surbrillants des Marges Orientales. Mes yeux écrans étaient éblouis par tous ces spots. Je passais en mode détection de masse. L’éblouissement cessa. En fasse de nous, nous avions une flotte d’attaque faite de vaisseaux rapides mais pas très lourds. Les spots bleus de la flotte amie se matérialisaient. Je fus fier de voir que notre escouade avait décollée au complet avant les destructions. En comptant tous les rescapés j’avais trois escouades. Rapidement je refis les groupes incomplets et donnais les ordres d’attaque. Leurs chasseurs bombardiers venaient vers nous. Plus rapides qu’eux, nous avions peut-être une chance.
- De leader chef à tous : ennemis au contact dans deux minutes !
L’inconnue était de savoir comment les détruire. Leurs coques surbrillantes apparaissaient comme des phares sur nos radars, en raison de la quantité d’onde réfléchie. Un coup de laser, même de cent mille Tlum ne les détruisait pas. Plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent du rayonnement était renvoyé. Malheur à celui qui se trouvait sur le chemin du rayon réfléchi. J’avais deux minutes pour trouver.
- De chef 15 à leader chef. De chef 15 à leader chef.
- Leader chef, je t’écoute chef 15.
- Notre groupe n’est pas armé. Nous venions de décoller pour un tir de largage sur cible avec des FK12.
- Bien reçu chef 15. Combien êtes-vous dans ce groupe ?
- Huit.
Des FK12. Je connaissais ce petit appareil de bombardement. Ses lasers n’étaient pas très puissants mais il compensait par une vitesse de pointe très supérieure et des boucliers avant très résistants. Ils servaient d’appui avec des actions en piqué et du largage de bombes sur une cible en orbite ou en vol comme une station ou un croiseur. Dans ce cas précis, j’avais une demi escouade juste bonne à repeindre les coques ennemies. Pour l’entraînement, le FK12 recevait un stock de petites bombes pleines de peinture rouge. A moins que je ne les utilise comme bouclier devant un groupe d’attaque. Le FK12 encaisserait les tirs ennemis tout en permettant l’approche des F54b. Nos lasers seraient-ils efficaces à courte distance ?
- Chef 15, vous allez éclater votre groupe. De leader chef à tous les chefs de groupe. De leader Chef à    tous les chefs de groupe.
- Chef groupe vert au rapport
- Chef groupe orange au rapport
- Chef ……
En les écoutant, je comptais mes groupes. J’en avais dix de F54b, un groupe de 8 FK12. Je décidais de laisser deux groupes en périphérie. Le groupe bêta et le groupe delta que je venais de reformer, n’avaient pas une cohésion suffisante. Je leur donnais l’ordre de protéger les alentours. Pour les autres groupes, j’expliquais ma tactique.
- De chef Zêta à leader chef. C’est parce que vous ne voulez pas vous faire éblouir que vous voulez que les FK12 les repeignent en rouge ?
- Mais bien sûr ! La voilà la solution ! S’ils sont rouges, ils ne renverront plus les rayons lasers !
- De leader chef à tous. De leader chef à tous. Décrochez et refaites les groupes avec un FK12 en tête.
Moins de trente secondes avant le contact, nous rompîmes le combat. Les rapides FK12 arrivèrent alors que l’ennemi nous donnait la chasse.
- De leader bleu au FK12 bleu. De leader bleu au FK12 bleu. Présente-toi
- De FK12 bleu à leader bleu. Je suis Saktin.
Je fus heureux d’entendre cela. Chef 15 m’avait envoyé son meilleur bombardier. Il avait le record absolu de coups au but.
- Saktin, tu repeins tout ce que tu peux et nous on les finit.
- Bien reçu, leader bleu. C’est parti !!!
Saktin vira brutalement pour se retrouver face aux chasseurs-bombardiers qui arrivaient.
- De leader Bleu à groupe bleu. C’est parti !!!
La bouffée d’adrénaline me survolta. La peur n’existait plus, rien que la chasse.
L’ennemi tira dès que Saktin fut à portée mais leurs lasers manquaient de puissance. Sur mes écrans je vis partir les torpilles d’interception. Je hurlais l’avertissement. Saktin avait déjà réagi en accélérant. Il fit une manœuvre d’évitement. Les torpilles trop lentes ne pouvaient pas le suivre dans sa sarabande. Je vis ses tirs au but. Au fur et à mesure que nous approchions, les silhouettes ennemies montraient des taches sombres. J’encaissais une torpille. Elle était à fusion thermonucléaire. Mon bouclier en fut presque surchargé. J’étais à bonne distance de la  première cible. Je fis feu. Une bouffée d’orgueil m’envahit. J’avais eu raison. Le chasseur-bombardier n’était plus. Deux tirs de lasers de Ktanm me firent revenir à la réalité. Sans elle c’est deux torpilles qui auraient eu ma peau. Je lui adressais un merci en enchaînant les cibles. Mon compteur de victoire commença à tourner.

jeudi 1 avril 2010

Quatrième épisode

Scène quatre




Le commandant de la base de chasseurs de la lune Alpha avait failli me sauter au cou. Il repartait vers les planètes intérieures pour prendre un poste dans une escadrille de FF54. Etre basé sur la lune Alpha était une punition même si la mutation était assortie d'une promotion. Les pilotes étaient tous des mutés pour raisons disciplinaires ou pour étouffer des affaires dont le commandement préférait ne pas parler. 
- Ne te mêle pas des affaires de Skatn.
La voix de Ktanm résonnait encore à mes oreilles quand je rencontrai le major Skatn. En fait c’est lui qui dirigeait tout sur la base. J’avais été voir sur le résOrd qui curieusement, était pauvre. J’avais vu sa fiche militaire. J’avais appris qu’il venait d’un monde lointain dans l’autre bras de la galaxie. Rien ne ressortait de ce pourquoi il était là. En dehors des fiches officielles, aucun détail ne trahissait sa personnalité. Qu’il dirige, cela m’arrangeait. Je pourrais ainsi continuer à voler et lui laisser le travail administratif. J’avais vite déchanté. S’il maintenait une discipline de fer, les punitions étaient fréquentes et pas forcément justifiées à mes yeux.
Après cinq jours, je me disais que je ne pourrais laisser les choses comme cela sans intervenir. Il imitait ma signature électronique. Normalement infalsifiable, la puce qui était dans mon poignet gauche servait à authentifier les textes et les décisions. Je savais que certains savaient falsifier ces puces codées, mais normalement celles implantées chez les personnels militaires étaient à l’abri de ces ennuis.
Notre retour à la base s’effectua au moment d’un lever de l’étoile d’Endoor sur les lointains de la lune Alpha. Cela correspondait à la fin d’un jour standard sous les dômes cristallo-métalliques. J’avais programmé une réunion avec Skatn pour régler les problèmes du jour. Honnêtement, c’est lui qui m’avait demandé de passer pour signer la « paperasse ».
- Ah ! Commandant, c’est gentil à vous d’être passé.
Rien que d’entendre sa voix, je sentais mes poils se hérisser. Cette douceur et cette onctuosité me déplaisaient.
- Oui Major, il faut que nous parlions.
- C’est toujours un plaisir de discuter avec vous, Commandant.
Je pensais : « Quel menteur ! ». Pensant qu’il valait mieux attaquer je commençais :
- J’ai vu passer des ordres signés de mon chiffre ; pouvez-vous m’expliquer cela Major ?
- Ah ! Ce n’est rien, Commandant. Cela ne vaut pas la peine de s’en faire. Je sais comme vous êtes débordé et pris par vos vols. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous faciliter la vie.
- Comment obtenez-vous mon chiffre puisque la puce est sur mon bras ?
- Les talents sur la lune Alpha sont nombreux. Il suffit de savoir les trouver et les solliciter.
- Mais ce sont des faux !
- Pensez-vous, Commandant ! Non, non, juste des facilités pour que vous puissiez être libre de faire ce que bon vous semble. Vous m’avez dit de faire au mieux pour que l’administratif ne vous dérange pas.
- Je ne vous ai pas demandé de faire des faux !
- Mais ce ne sont pas des faux, commandant. Je suis sûr que vous comprenez que des documents signés de votre chiffre inviolable seront authentifiés sans problème d’autant plus s’ils portent votre code génétique et vos empreintes. D’ailleurs regardez, j’ai là un bordereau tout à fait authentifiable qui envoie, curieusement, du carburant vers une destination assez floue.
Un sentiment de panique m'envahit. Je commençais à comprendre ce qu'avait ressenti mon prédécesseur. Je savais qu'il avait raison. Devant un tribunal, le document était parfait pour m'impliquer dans un trafic quelconque. J’étais arrivé en pensant que je serais le patron. je m'apercevais que d'autres tiraient les ficelles avec une maîtrise que j'étais loin de posséder. J'examinais le document qu'il m'avait passé. Mes empreintes digitales seraient même parfaitement authentiques, ainsi que mon ADN. Le système d'Endoor était jeune et comme tel n'avait pas tous les TET ouverts. Cela compliquait les communications en rendant impossible l'usage des ultra-ondes. La surveillance de l'Empire était donc très partielle. L'Empereur comptait surtout sur son réseau de renseignements. Je me demandais ce que faisaient ses agents face à cette situation. Il me fallait prendre une décision. Skatn attendait le sourire aux lèvres, les yeux mi clos comme un chat qui guette une souris. 
Il me fallait du temps. Je positionnais le document pour qu’il s’ouvre. Je ne fus pas surpris de me voir donner l’ordre à un ravitailleur d’aller attendre je sais pas où un vaisseau inconnu pour transférer le carburant. Une envie de meurtre montait en moi. Dans quelle mesure pouvais-je me permettre de le tuer ? Je n’avais pas de preuve de ma bonne foi et il le savait. Si je provoquais la crise, l’enquête me disculperait mais en attendant ses conclusions, je ne pourrais pas voler.
- Je vois que vous agissez toujours au mieux, major.
- J’essaye, commandant, j’essaye.
Je n’avais plus qu’à faire comme mon prédécesseur et attendre la relève, ou agir mais avec discrétion. Il avait sûrement un réseau très organisé. Il fallait que j’en parle à Ktanm.
Sûr de ma capitulation, le major me présenta les documents à signer. La rage me tenait le ventre.
Une nouvelle alerte retenti. Sur La lune Alpha, nous passions notre temps à être en alerte. C’était exercice sur exercice. Celle-ci m’étonna un peu. En tant que commandant de la base, j’en fixais le planning. Je ne me rappelais pas de cet horaire. Ktanm l’aurait-elle déclenchée pour me sortir du bureau du major ?
Je me joignis à la course des pilotes vers leurs appareils. La dernière vision que j’eus du major, était celle d’un homme satisfait qui rangeait ses documents. La haine m’envahit.