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mercredi 30 juin 2010

mardi 29 juin 2010

dimanche 27 juin 2010

samedi 26 juin 2010

vendredi 25 juin 2010

Sixième épisode

Première scène
 

L’Empereur m’avait fait un cadeau majestueux. Je rentrais à Endoor muni du titre de général et dans un vaisseau de commandement. Après la bataille avec les croiseurs margiens, j’avais eu droit à un triomphe dans la capitale. Les techniciens d’Arche 12 avaient fait des miracles pour me sortir de mon chasseur à temps pour que j’assiste en chair et en os aux cérémonies. Ktanm m’avait assuré qu’elle arriverait dès qu’elle serait opérationnelle. Je n’avais pas eu une minute à moi. J’avais enchaîné les cérémonies, les interviews, les déplacements honorifiques. Je ne pensais pas qu’autant de gens me voulaient en leur compagnie. Auréolé de la gloire des combats victorieux, j’étais une bonne affaire promotionnelle pour tous les seigneurs plus ou moins grands. L’Empereur me voulait aussi pour ses conseils de guerre chaque fois que cela concernait les Marges Orientales. Mes chasseurs avaient fait un excellent travail de reconnaissance. La cartographie des TET avait bien avancé. Sans être complète, elle permettait d’envisager de porter la guerre au cœur même des Marges. Notre…enfin ma victoire sur les croiseurs lourds nous donnait un avantage psychologique certain. Des F55 avaient été équipés de leurres sophistiqués leur donnant la signature de Ktanm sur les détecteurs. Ils semaient la panique dans les rangs ennemis même s’ils n’intervenaient pas dans la bataille. Je suivais régulièrement leurs mouvements.
L’Empereur m’avait attribué le personnel nécessaire à ma fonction. Cela me donnait une place à part, encore une fois. Dans un empire aussi vaste et divers que celui qu’avait conquis l’Empereur, la nomination d’un nouveau général faisait le bonheur du clan auquel il appartenait. Entre sa garde rapprochée, ses secrétaires et son aide de camp, le nouveau promu avait besoin de toute sa diplomatie pour l’attribution des postes. Dans mon cas, j’avais découvert mon staff juste après la cérémonie d’élévation de grade. Je fus étonné de leur nombre. Ma garde personnelle était composée de gardes impériaux. C’est dans ce corps d’armée que se recrutaient les gardes-empereur.  Cela me reliait directement à l’Empereur. Le signe était très fort, au point que les médias en parlèrent longuement. J’avais failli refuser. Ma sécurité ne me semblait pas si menacée. Le plus souvent en vol avec Ktanm, je pensais que j’étais en dehors de toutes ces menaces. J’avais tort.
Alors que je paradais, une fois de plus avec un seigneur-commandant, responsable de deux systèmes solaires, je fus victime d’une tentative d’assassinat. Le discours de sa seigneurie venait de finir. Nous quittions l’estrade quand je sentis la présence ennemie. Je me plaquais au sol n'étant pas armé. Le faisceau laser passa au-dessus de moi faisant des victimes dans les personnels de garde. Un de mes gardes se coucha sur moi m'empêchant de bouger en voulant me protéger. La fureur meurtrière qui montait en moi, retomba. La menace n’était plus. On me remit debout. Le seigneur-commandant en faisait trop, donnant des ordres à tort et à travers. Tous les soldats présents se mirent en position de combat. Mon hôte qui avait voulu briller en m’exhibant, se retrouvait en position de faiblesse. Un combattant zombie avait réussi à prendre place dans le personnel de service. On me conduisit à côté de la dépouille. Je me penchai. Tous mes sens furent en alerte. La rage s’éveilla. Comme un prédateur sentant une piste fraîche, je sentis les évènements. Un serviteur avait été pré-zombifié. Sans le signal qui déclenchait la fin du processus, il était indétectable. Les détecteurs réagissaient à ce moment-là, mais les quelques dixièmes de secondes de flottement que cela entraînait, permettaient au tueur d'agir. Il était heureusement trop loin pour pouvoir être une grande menace. J'examinais le corps. Coupé en deux par un tir de laser, il tenait encore en main le petit pistolet qui avait été dissimulé sur le plateau de service qu'il tenait. Je pensais que, entendant le détecteur j'avais réagi par réflexe. En moi, tout bouillonnait. Je me redressai. Instinctivement attrapant l'arme d'un de mes gardes, je me retournai et je tirai. Le garde du véhicule qui nous attendait, s’effondra un centième de seconde après que les détecteurs anti-zombies eurent réagi. Il m'avait déjà mis en joue. Je n'étais plus que fureur et tueur. Le monde autour de moi était comme figé. Je bougeais à une telle vitesse que les autres semblaient immobiles. Je saisis un des nobles de la cour. Lui cassant le bras,  je lui faisais lâcher la commande qu'il tenait. Son hurlement remit le monde en marche. Les regards que je croisais, montraient l'étonnement et l'incompréhension. L’enquête montra qu’en me visant, il pensait surtout à renverser le seigneur local pour prendre sa place. Il avait préparé un piège à double détente. Un premier zombie pour que nous nous rapprochions des voitures et de leur sécurité, un deuxième pour me tuer. Ma réaction avait surpris l'ensemble des présents. Les vidéos de l'action tournèrent en boucle sur le RésOrd. Même sur les ralentis, mon image était filée en raison de ma vitesse de déplacement. C'est à partir de ce moment que le surnom que les margiens m'avaient donné commença à circuler dans l'Empire. Ici aussi j'étais devenu « Tiakakner ».
L’Empereur fut ravi de la situation. Pour lui, son champion devait être le meilleur. Pour me féliciter de cette nouvelle action d’éclat, il me prêta, selon ses mots, deux analystes de la maison Impériale pour m’aider dans la mission qu’il me réservait. Heureusement mes aides de camp étaient à la hauteur de la tâche qui leur incombait. Ils géraient d’une main sûre, la maison du général Right. Sous leur direction, une foule de secrétaires et de serviteurs s’affairaient avec efficacité. En attendant d’avoir une mission précise, j’avais trouvé un palais dans le quartier proche de l’astroport militaire. Je n’avais même pas eu besoin de payer un loyer. La société qui le gérait me l’avait gracieusement mis à disposition. J’en occupais personnellement un niveau. Enfin c’est ce qui était prévu. Pour l’instant l’endroit ressemblait à un vaste chantier bourdonnant. Le principal pour moi était installé, une salle de commandement et une petite chambre de repos. Complètement insonorisée et dotée d’une microgravité, elle me rappelait l’espace qui commençait à me manquer sérieusement, ainsi que Ktanm. Chaque matin j’espérais la voir arriver. J’étais chaque fois déçu. Les nouvelles qu’on me rapportait, faisaient état de complication d’entretien et de remontage. Il fallait de nouvelles pièces qui mettraient du temps à arriver. La cellule d’analystes me préparait chaque matin un topo sur tous les gens que je devais rencontrer. Leur clairvoyance m’impressionnait. Ils avaient prévu que je subirais un attentat et selon eux, probablement le jour où il était arrivé. Mes gardes avaient été spécialement préparés pour l’occasion. Ils intégrèrent très vite mes capacités de réaction. A ma question sur la situation de mon chasseur, ils répondirent que l’Empereur était sûrement à l’origine du phénomène. Le plus probable était qu’il faisait préparer mon chasseur pour la mission à venir.
C’est grâce à eux que je ne fus pas surpris quand l’Empereur me nomma général en chef de l’armée des forces contres les Marges Orientales. Je me retrouvais avec les pleins pouvoirs pour soumettre cette région. Une armée m’attendait dans le système d’Endoor. Les analystes avaient déjà prévu un plan de bataille. Je les écoutais poliment. Avec un disrupteur et les forces dont j’allais disposer, j’allais être victorieux. Ils oubliaient les moines d’Enkafout. Je ne savais pas comment mais leur rôle m’apparaissait déterminant. Pour les analystes aussi bien impériaux que ceux de ma maison, ils ne disposaient d’aucune arme. Ils ne comptaient donc pas. Leur agitation serait vaine. L’Empereur avait prit la parole. Dans un silence religieux, il brossait l’avenir radieux des Marges quand elles seraient intégrées à l’Empire. Mon rôle était déterminant. J’allais être l’Envoyé de sa majesté. Pour que je mène à bien ma mission, il me confiait sa toute dernière réalisation : un nouveau vaisseau de commandement fait spécialement pour moi. Il avait dit cela avec assez de solennité et de mystère pour m’intriguer. J’avais déjà vu des croiseurs équipés pour ce genre de mission. Devant les caméras des médias, il mit en scène le déplacement de la cour vers l’astroport militaire. Dans la navette qui nous emmenait, je lui posais la question de Ktanm. Serait-elle là ?
- Ne soyez pas impatient, général. Vous allez le découvrir.
Je bouillais intérieurement. Il me fallut pourtant attendre. L’Empereur fit les honneurs du Ktanmor.
- Je l’ai appelé comme cela en l’honneur de votre coéquipière disparue lors de la bataille d’Endoor. Cela ne vous gêne pas, général ?
Je bafouillais des remerciements. L’Empereur semblait s’amuser prodigieusement. Devant une porte, il s’arrêta.
- A partir d’ici, général, seul moi et vous  allons continuer. Ces messieurs vont nous attendre.
D’un vaste geste, il désigna l’ensemble de l’aréopage qui tenait à peine dans la grande salle de réunion de Ktanmor. Il poussa une porte. Je le suivis. Un long couloir menait jusqu’à mes appartements.
- Ici, général, vous avez une salle de contrôle privée. Mais je vous en prie, passez devant.
Poussant une dernière porte, je rencontrais un siège de pilote avec un casque posé dessus. Je le regardais sans comprendre.
- N’hésitez pas général, mettez-le.
Bien qu’en grand uniforme, je posais le casque sur ma tête. Il était parfaitement taillé pour moi. M’asseyant sur le siège, je déclenchais le processus de couplage. Je découvris alors la puissance du Ktanmor. La sensation fut fabuleuse. Toute cette force et cette puissance pour moi ! Oui, je devenais Tiakakner. J’avais à ma disposition une merveilleuse machine à semer la mort. Je sentis le disrupteur. Dirigeant mon attention vers lui, je pensais à Ktanm. C’était le même modèle. D’ailleurs, le siège de commande aussi, et….
- Ktanm !
- Oui, right, je suis là.
- Il t’a incluse dans le vaisseau.
- Oui et non, Right. Oui, car le Ktanmor n’est qu’un vulgaire croiseur sans moi, mais non car je suis capable d’être indépendante pour aller et venir. Le Ktanmor est en fait mon astroport mobile et personnel.
- Alors rien ne pourra s’opposer à nous.

mercredi 23 juin 2010

mardi 22 juin 2010

lundi 21 juin 2010

dimanche 20 juin 2010

Zangra

http://www.youtube.com/watch?v=b5cPA5vuCLo

samedi 19 juin 2010

Cinquième épisode

Huitième scène

- Qu'est ce qu'il fait, Ktanm?
- Il dort.
- Il ne nous entend pas?
- Non, j'ai débranché ses circuits audio. La dernière bataille a été très éprouvante pour son corps. Il faut qu'il se repose.
- Tu sais, Ktanm, que vous avez remporté une très grande bataille.
- Non, il a remporté. Je n’ai rien fait. C’est bien pour cela que je t’appelle. Quand tes analystes ont repéré son potentiel, tu m’as demandé de l’aider. Tu pensais avoir repéré le pilote qui pourrait servir ta politique.
- Oui, Ktanm. J’avais besoin d’un héros. La suite m’a montré que l’intuition était juste. Votre combat à Endoor a transformé la défaite en demi-victoire. Lui confier un groupe de chasse corsaire était aussi une bonne idée. Plus de trente croiseurs lourds détruits dans la zone centrale des Marges Orientales est une superbe victoire. Tu as bien fait de me demander ce disrupteur.
- Je ne sais plus. Il s’est passé quelque chose dans la sierra près de Arche 12. Notre plongée dans la caldera l’a changé, nous a changé. Ce qui vit là m’a perturbée. Right est devenu autre. Je dirais double.
- Explique-moi !
- Il semble au-delà de l’humain. Simpalaa m’a appris qu’on pouvait devenir son rêve ou son cauchemar. Tu sais, depuis nos combats communs dans les cieux de Singlanoire, et la rencontre avec les noirmages, je ne peux plus être comme les autres. Ce rêve qui me hantait est maintenant accompli. Cela me satisfait mais me laisse un vide, pas un conflit. J'ai entendu Right. Il est en conflit intérieur. Il a celui que je connais et puis une autre personnalité. Il s'est mis à aimer la mort. A Endoor, nous avons dansé la mort mais sans joie. Ici, j'ai été dépassée par Right. Le disrupteur lui a donné puissance. Il a joui de la mort qu'il donnait. Il mérite son surnom margien de « Tiakakner », l'ange-dieu de la mort.
- Est-il devenu incontrôlable?
- Je ne sais pas, je ne sais plus. Pour l'instant, je transporte un homme épuisé qui dort. Pendant les combats, j'étais au service d'un être capable de faire naître des CET. Je ne connaissais pas cette possibilité de carrefour d'espace-temps. Maintenant avec le disrupteur, il en contrôle la naissance et l'usage qu'il en fait.
- Ce que tu dis là, est une nouvelle inquiétante. Tous les vaisseaux partis explorer le tunnel de la caldera ont disparu. Il semblerait, à part vous, que personne ne soit capable de prédire ce qu'il devient en entrant dans un CET.
- Tous les CET qu'il a utilisés, ont été créés par le disrupteur dans les carcasses des croiseurs.  Combien faut-il de vie pour que fonctionne un CET?
- Cette famille est étonnante Ktanm. J'ai des nouvelles de son père que je ne lui ferai pas transmettre. Il est sur une planète folle dans un système de huitième catégorie. Les analystes sont inquiets par son évolution. Mais c'est une autre histoire.  J’ai besoin de lui. Sa capacité à gagner m’est utile.
- Je crains l’avenir.
- Nous allons continuer pourtant. Les analystes ont exploré les différents possibles. Vous allez rentrer sur Endoor pendant que le groupe corsaire finalise la cartographie des TET. Je vais réorganiser cette armée autour de Right. C’est ainsi que je gagnerai cette guerre.
- Maintenant va, Ktanm. Ce qui est fait est mien ! Ce qui est dit est volonté impériale, qu’ainsi aillent les faits !

vendredi 18 juin 2010

jeudi 17 juin 2010

dimanche 13 juin 2010

samedi 12 juin 2010

mardi 8 juin 2010

Cinquième épisode



Septième scèneCe fut une période exaltante. Nous jouions au chat et à la souris. Nous étions souvent les chats. Enfermé dans le chasseur, je passais mon temps à voler, ne revenant à la base du Double Huit que pour ravitailler. Ktanm et moi étions soudés par le plaisir de la chasse. Je pouvais laisser les commandes à Ktanm pendant que je me reposais. Mais j'avais l'instinct du prédateur que Ktanm ne possédait pas. D’ailleurs pour améliorer l’efficacité j’avais réorganisé les escadrilles en meutes de huit. Nous nous enfoncions profondément en territoire ennemi. Sautant de TET en TET, détruisant les vaisseaux rencontrés quels qu’ils soient, nous semions le désordre et la terreur dans l’espace des Marges Orientales. Nos premières vraies actions n’avaient pourtant pas été reconnues. J’avais fait l’erreur d’utiliser le disrupteur. Avec une telle arme, il ne restait pas de trace. Nos écoutes des échanges sur les fréquences ennemies, ainsi que l’analyse des différentes voies d’information, m’avaient montré le peu de répercussion qu’avait la disparition d’un transport de minerai ou d’un vaisseau de l’armée. Les commentateurs ciblaient essentiellement les nouvelles du front. C’est en réfléchissant à ce fait que m’était venue l’idée de la meute. Quatre chasseurs qui sortent de nulle part qui détruisent tout et qui disparaissent sans laisser de trace, ne valaient pas la une des médias. Une meute prenant en chasse un vaisseau de ligne régulière, lui infligeant des dégâts, ou le détruisant devant témoin puis repartant en semant les poursuivants, avait atteint ce but. Nous étions devenus des pirates. Pendant quelques mois, les succès succédaient aux succès. J’avais une place particulière dans le dispositif. D’abord parce que j’étais toujours enfermé dans le F54b, ensuite parce que je ne m’étais pas mis dans un groupe particulier. J’allais de meute en meute pour participer à l’hallali. Cette faculté que nous avions, Ktanm et moi, d’apparaître sur les champs de bataille, fascinait les pilotes. Ils n’étaient pas les seuls. Les margiens nous avaient surnommés « Tiakakner ». Dans leur mythologie ce personnage était l’ange de la mort. Son apparition était Le mauvais présage par excellence. Nous avions obtenu ce résultat remarquable que, même au sein de leurs systèmes, plus personne ne décollait sans avoir peur pour sa vie. Volontairement, une fois ou l’autre j’avais retenu mes troupes, laissant s’enfuir le vaisseau blessé. Cela avait alimenté les superstitions. Une de leurs princesses qui avait ainsi eu la vie sauve, en accordait le bénéfice à l’amulette de pierre d’Enkafout qu’elle portait ce jour-là. Il s’agissait d’une pierre très rare selon ce que nous comprenions. Ce n’était pas un type de roche particulier mais une pierre que les moines-habitants du monde d’Enkafout chargeaient de leurs prières. Nous ne savions pas où était ce monde. En tout cas il tenait une place de choix dans le panthéon des Marges Orientales.
J’en discutais avec Ktanm en rentrant vers le Double Huit. Nous débattions de la question de savoir si cela valait la peine de localiser le monde d’Enkafout et de le détruire. J’avais décidé de laisser mes troupes se débrouiller pendant les deux décades suivantes. C’était le temps qu’il fallait pour me libérer et réparer Ktanm.
- De leader Noir à Loup solitaire. De leader Noir à Loup solitaire.
Thanmat nous dérangea dans notre débat. J’étais pour intervenir sur le monde d’Enkafout. Ktanm était contre.
- De Loup solitaire à leader Noir, parlez !
- Vous devriez venir voir. Nous sommes au TET 21.53, du système 7.2. Les margiens ont fait un convoi, trois gros vaisseaux et huit chasseurs.
- Ce n’est pas le premier !
- Je sais Loup solitaire, mais le modèle de chasseur nous est inconnu. Sur mes capteurs, ils ont un champ de défense.
- Effectivement, voilà qui est intéressant. J’arrive.
Je coupais la communication.
- Et bien, Ktanm, ce n’est pas encore aujourd’hui que tu vas être débarrassée de moi.
- Tu sais bien que tu ne me gênes pas, Right.
Ktanm se reprogramma pour des sauts de TET. Thanmat nous avait donné ses références dans l'espace et dans le temps relatif du système où il chassait. Comme toujours Ktanm fut brillante dans ses choix de trajectoires et de sauts de TET. Nous nous retrouvâmes à prendre position derrière un astéroïde avant le passage du convoi. Avant même que la meute n'émerge du TET. Ayant lancé des micro capteurs, nous fîmes le point de ce qui s'avançait vers nous. Je reconnaissais sous son camouflage un croiseur. Les gros plans sur les chasseurs montraient des bosses caractéristiques des lasers de grande puissance. Si l’on ajoutait la présence des champs de défense, la meute aurait à fort à faire. Les deux autres unités étaient des transports de troupe. Mais je ne le sentais pas ainsi. Pour moi, le premier était le croiseur camouflé comme le laissaient entendre les capteurs. Le troisième transportait des troupes, mais dans le second, je sentais une forte présence. Ktanm me pressait d’en dire plus. Cela m’était impossible. Quand j’essayais de rentrer en contact avec, elle fuyait. Non, ce n’était pas le bon mot. Elle m’échappait.
- Attendons, Ktanm. On va laisser la meute faire et puis on intervient si besoin.
- Je ne le sens pas, Right !
- Peuvent-ils nous détecter ?
- Non, je sais bloquer leurs matériels de détection. Par contre, ils vont savoir que la meute va intervenir dès sa sortie du TET.
- Nous interviendrons. Leurs lasers ne seront pas assez focalisés pour être dangereux à aussi longue distance. Seul le croiseur aura la puissance suffisante mais il lui faudra faire demi-tour. C’est là que nous entrerons dans la danse. Mais nous aurons besoin du disrupteur.
La meute apparut sur les écrans. Thanmat avait choisi de déployer ses coéquipiers en un large demi-cercle. C’était joli. C’était dangereux. Face aux chasseurs nouveaux modèles, un peu plus de prudence me semblait nécessaire. Les chasseurs margiens réagirent très rapidement. En binôme, ils firent volte face. Ktanm qui écoutait les fréquences ennemies, me dit :
- Ils se sentent en force. Le croiseur signale d’ailleurs que « Tiakakner » n’est pas là. Ah ! Thanmat invite l’autre meute à venir. Vu qu’elle est dans le secteur 22.13, elle devrait pouvoir venir participer à la curée.
Le premier vaisseau commençait son demi-tour. Les deux autres ne donnaient aucun signe de vouloir changer de route.
- Sens-tu l’appel, Ktanm ?
- Quel appel ?
- La présence dans le deuxième vaisseau appelle. J’ai l’impression que nous allons avoir de la visite.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- D’autres vaisseaux arrivent par les TET 20.42 et 19.12.
- Les meutes sont-elles en danger ?
- Oui, aujourd’hui est notre première vraie bataille. S’en est fini des escarmouches ! As-tu mémorisé tous les TET ?
- Je suis prête, Right.
- Alors dansons-leurs une danse à notre façon.
Ktanm bondit en avant. Sortant de l’abri de l’astéroïde, elle arrivait sur le convoi par tribord dessus. Les gros vaisseaux ouvrirent le feu avec leurs lasers de défense. Ktanm ne prit même pas la peine d’activer les champs de protection. Seuls les accumulateurs étaient prêts à accepter ce surcroît d’énergie. La nouvelle de notre présence courut sur les ondes. Nous étions dans ces minutes qui précèdent la vraie bataille. Bientôt nous serions à portée de tir efficace. Le croiseur hésitait dans sa manœuvre. Manifestement nous étions une cible plus intéressante que la meute de Thanmat car il décida d’orienter sa proue vers nous. Le laser lourd qui l’ornait, pouvait déborder nos défenses.
- C’est dommage pour lui, il va lui manquer quelques secondes pour être en position. Le disrupteur est prêt, Right.
- Alors Feu, Ktanm.
Sur mes yeux écrans, la trame de l’espace tressauta devant nous. Ce fut comme un éclair qui frappa l’image du vaisseau ennemi. Un trou se creusa de la proue à la poupe. Il ne resta qu’une carcasse vide de vie, une espèce de tunnel qui continuait son mouvement sur sa lancée. Sans attendre, nous avions plongé dans un TET. Juste avant l’occultation du tunnel, j’avais remarqué la matérialisation des renforts margiens. Cela faisait beaucoup de monde.
L'adrénaline m'envahit. Une bouffée de chaleur venue du plexus solaire m'irradia. Je sentis une nouvelle force monter en moi. J'entrais dans un état second. Tout m'arrivait mais comme au ralenti. J'avais l'impression d'aller plus vite que la lumière. Je me pris à devancer Ktanm dans ses actions. Le F54b était partout à la fois. Je sautais de TET en TET, changeant au gré des besoins de temps mais pas d'espace. C'est comme si j'étais un maître du temps.
Sur le terrain, une confusion totale régnait. La meute de Thanmat faisait du mieux qu'elle pouvait mais ces nouveaux chasseurs margiens étaient redoutablement efficaces. L'autre meute heureusement arriva. Par contre, il leur fallait compter avec tous les croiseurs lourds qui étaient apparus. Leurs tirs firent des coupes sombres dans les lignes de F55. Seul le disrupteur pouvait en venir à bout. En cours de bataille, je donnais l'ordre à tous les survivants restant de décrocher et de se replier. La moitié avait déjà disparu. Je voulais conserver l'autre. J'utilisais le disrupteur comme une foreuse géante pour trouer les croiseurs lourds. Après les carcasses vides me servaient de tunnel, voire de CET. J'avais ressenti de nouveau ce curieux sentiment en passant dans une coque éventrée. Ma puissance semblait sans limite. En quelques heures pour un observateur, en nettement plus de temps pour moi, la bataille prit fin faute de combattant. Entre les planètes erraient des décombres grands comme des montagnes, mais troués et sans vie. Sur les trois vaisseaux présents au début de l'engagement, seul restait le deuxième. Je m'aperçus que je ne l'avais pas touché, pas eu en ligne de mire, oublié. Ma soif de mort n'était pas éteinte. Je dirigeais Ktanm vers lui.
Une voix se fit entendre:
- Right! Right, tu m'entends? Right, réponds-moi!
- Ktanm, mais que se passe-t-il?
- C'est à toi que je pose la question, tu sembles coupé du monde depuis le début de la bataille. Tu ne réponds à rien, tu vas tellement vite, que je n'ai même pas le temps de diriger le chasseur. C'est comme si un autre agissait pour toi, par toi, un autre plus rapide, plus assoiffé de mort. Tu as inondé mes circuits de ta satisfaction à chaque fois que tu as détruit un ennemi. Jamais tu ne m'avais fait vivre cela!
- Je ne comprends pas, Ktanm! Mais il reste un vaisseau.
- Tu n'as pas eu assez de carnage? Celui-là ne semble même pas armé à part quelques lasers anticollisions comme tous les cargos.
En moi refluait l'exaltation de la bataille, la jouissance de la destruction me laissait maintenant un goût amer. Je regardais le cargo qui filait vers l'entrée du TET 34.56 qui permettait de rejoindre le monde d'Enkafout. Je compris alors que la présence que je sentais à bord, venait des moines d'Enkafout qui étaient à bord. L'abattement me prit. Je ne pouvais les toucher... Mais si je pouvais... Un curieux dilemme intérieur me saisit. Comme si j'étais deux, d'un côté, rempli de fureur destructrice, mais incapable d'affronter la force qui donnait cette présence, de l'autre, un homme fatigué mais insensible à ces moines et à leur monde, pouvant appuyer sur le déclenchement du disrupteur.
- Right, tu ne crois pas que les laisser aller sera plus profitable. Tu t'es battu encore mieux que lors de l'attaque de la lune Alpha. Aujourd'hui, tu tutoyais les dieux.
La lassitude prenait le dessus. La fatigue me remplissait. Détruire le dernier vaisseau n'ajouterait rien à ma gloire ni à la peur que nous pouvions inspirer. Le laisser aller avec tous les enregistrements de la bataille, nous faisait courir le risque qu'ils exploitent les renseignements pour améliorer leurs armes et leurs stratégies.
Mais la fatigue fut la plus forte, il fallait que je dorme.
- Rentre-nous, Ktanm. Je vais dormir.

lundi 7 juin 2010

samedi 5 juin 2010

Chaînes



J'ai appris à ne plus les porter.
J'ai appris à les accrocher
       au sceau des secrets pour aller puiser au profond des vies,
              à l'encre pour en faire des phrases,
                     à la confiance pour en tisser un à venir.

vendredi 4 juin 2010

Parfois il n'y en a pas ...

Il y avait des glycines 
http://oeilderejane.blogspot.com/

jeudi 3 juin 2010

Les bras en croix

Les bras en croix
lourdes de leurs efforts
et fortes de leur misère
                                               elles avancent
Dans l'incessant va et vient
d'une mer dont on espère

                                               elles avancent.
Forte est la vie,
                                               elles avancent

mercredi 2 juin 2010