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vendredi 30 juillet 2010

mercredi 28 juillet 2010

mardi 27 juillet 2010

Sixième épisode


Quatrième scène

L'empire me fit un triomphe, mais je lisais la peur dans les yeux de mes proches. Même Ktanm avait changé. Elle me l'avait dit :
- Hum ! Right, c'est vraiment terrible ce que tu as fait. La vie est fragile, la voilà disparue d'un système entier.
Je lui avais répondu que j'avais fait ce pourquoi j'étais fait. L'Empereur voulait gagner. Il gagnerait. La discussion avait tourné court. Ktanm m'avait signalé une émission.
- Hum ! Right, tu devrais regarder sur le RésOrd, on parle de toi.
Un reportage parlait de ma « brillante victoire ». Moi, je l’aurais qualifiée de sombre, belle mais sombre. Les sondes automatiques expédiées dans le système 7.8 renvoyaient toutes le même résultat. Rien ne vivait. Rien ne pouvait vivre. Seuls les ordinateurs semblaient y avoir leur place. Nos sondes croisaient celles des margiens. Ils avaient continué beaucoup plus longtemps que nous à envoyer des renforts. Leurs pertes étaient considérables. Au point que la suite de la campagne s’annonçait facile. Quand je paraissais au conseil, les autres généraux se taisaient. Leurs analystes avaient prévu mon échec. Maintenant je sentais leurs pensées. Je devinais leurs plans minables pour me faire tomber en disgrâce. Ils avaient tout prévu sauf Tiakakner. Je sentais la peur qui leur habitait le ventre. J'y prenais plaisir. Redoutant ma colère, ils optaient pour la servilité. Ils avaient trop peur de mourir. Pour rejoindre Shalimb, centre du pouvoir des Marges Orientales, il nous fallait conquérir d’autres systèmes. Celui d’Enkafout n’en faisait pas partie. Cela me soulageait. Mon intelligence ne comprenait pas pourquoi ce petit royaume mal armé, me gênait autant. Evoquer les moines de ce monde me faisait frémir, pas les autres. Il me suffisait d’y envoyer un contingent pour en finir. Obscurément quelque chose me retenait. Je pensais qu'un jour, je devrais affronter cette faiblesse.
Nous avions assez de troupes et de vaisseaux pour planifier la campagne de conquête. Préparer et déployer le corps expéditionnaire demandait huit à neuf jours. J’avais conclu qu’en quatre décades nous pouvions en avoir fini. Tout le monde s’empressa de m’approuver. Il fut décidé que je partirais avec la première vague d’assaut. Ma présence était gage de réussite. Quand je dis « il fut décidé », je devrais dire « je décidais ». Je n’avais plus autour de moi que des êtres vivant dans la peur, comme s’ils voyaient la mort en face. Ils n’osaient plus me contredire. Cela augmenta en moi le sentiment de solitude. Pour finir, je donnais des ordres. Puis, j’allais voler dans des coins vides de tout, entre les galaxies. Pendant mes absences, la vie reprenait ses droits. Toute l’organisation se mettait en branle pour obéir aux ordres. A chacun de mes retours, j’avais le sentiment que leur peur augmentait.  En moi se battaient la joie de la ressentir et la détresse de l’isolement. Il fallait en finir.
Je donnais l’ordre d’attaquer plus tôt que prévu. Si les généraux furent surpris, ils obéirent. Douze heures plus tard, nous émergions dans le système 8.7. Sur les radars de la planète principale, les échos de notre flotte devaient ressembler à une explosion de feu d'artifice, avec des petits spots partout. Immédiatement nos ordinateurs se mirent à décrypter les messages. Dans tous les sens volait la nouvelle : « Tiakakner est là! » Une joie féroce m'envahit. L'exaltation du combat coulait dans mes veines. On allait voir encore une fois l'œuvre de l'ange-dieu de la mort et admirer sa puissance.
Le message de reddition suivit presque aussitôt. Le gouverneur général déposait ses armes à nos pieds et demandait la grâce de la vie pour les populations civiles. Des lâches! J'avais affaire à des lâches ! La planète principale était à une heure de vol. Je hurlais:
- Je vais tous les tuer! Ils ne méritent pas de vivre s'ils ne combattent pas !
Je lançais la séquence d'armement du disrupteur
- Hum ! Right, tu ne devrais pas. L'Empereur demande de conquérir pas de détruire. Il sera heureux de cette victoire facile.
A ce moment-là, j'entendis le message de reddition officiel diffusé pour les planètes et les bases margiennes. Il invitait à ne pas perdre la vie pour reprendre le combat plus tard quand les conditions seraient favorables. Le gouverneur général disait :
- ... Je vous appelle à ne pas résister. Maître Arkabdas qui est à nos côtés dans cette épreuve...
Un moine d'Enkafout ! J'étendis mes perceptions au système entier. Je ressentis violemment sa présence sur la planète principale. Je hurlais de rage dans mon cockpit. Passant sur le réseau codé de l'empire, j'ordonnais au général Dianta, commandant en second de nos forces d'assurer la suite des opérations. Je décrochais en entrant dans le premier TET venu.
Notre passage dans le système 8.7 me laissa le goût amer de l’inachevé. Nos troupes se déployèrent. Les quelques troupes margiennes présentes déposèrent les armes sans même combattre. Ce fut une explosion de joie dans l’Empire. La rage en moi n’avait pas son compte. Mon humeur était exécrable, personne ne comprenait. Pour eux j’aurais dû être dans la joie. Je savais que j'avais fui devant un moine.
L’Empereur me fit demander.

lundi 26 juillet 2010

dimanche 25 juillet 2010

samedi 24 juillet 2010

vendredi 23 juillet 2010

mardi 20 juillet 2010

Au delà de tout

Un même regard les unit
par delà la mort dans nos esprits
Héloïse
Abelard
" En doutant nous venons à la recherche, en cherchant nous percevons la vérité"

dimanche 18 juillet 2010

samedi 17 juillet 2010

vendredi 16 juillet 2010

jeudi 15 juillet 2010

Sixième épisode

Troisième scène

Le système 7.8 comptait quatorze planètes. Toutes habitées ou occupées. Sur les trois planètes de MO1, les forces impériales arrivaient tous les jours en prévision de l'attaque. Nous commencions à manquer de place. Les rapports se tendaient entre les différentes unités. Je laissais faire. Des troupes en colère sont plus efficaces. Nous en aurions besoin. Le TET choisi pour envahir le système arrivait près de la cinquième planète. Ce n’était pas la plus grande. Elle avait par contre une position clé dans la défense de l’ensemble. Les croiseurs lourds entreraient les premiers en action pour pilonner les défenses. Juste derrière, les porteurs de troupes et la chasse aérienne descendraient sur les cibles fixées. La population sur cette planète était concentrée sur un continent assez étroit. Le reste était un océan qui servait essentiellement de champ de récolte d’énergie. On y produisait les capsules énergétiques indispensables à la bonne marche d’une multitude d’appareils de la vie courante. En prendre le contrôle bloquerait presque cinquante pour cent de la production des capsules margiennes. L’autre planète importante était la huitième. Couverte d’usines, elle était le plus grand centre industriel des Marges Orientales. Les autres planètes étaient soit agricoles soit militaires. La bataille serait rude. De nombreuses troupes étaient stationnées dans le 7.8. Notre seul atout maître était notre supériorité dans l’espace. Les nouveaux chasseurs que nous avions vus avec Ktanm, représentaient, pour moi, une menace sérieuse pour notre hégémonie. Les analystes étaient arrivés à la conclusion que ces chasseurs n’étaient produits que pour me combattre. Il fut décidé d’envoyer plusieurs faux Tiakakner pour brouiller les pistes et attirer les chasseurs loin du 7.8. L’interception de leurs communications, nous avait appris qu’ils faisaient évacuer le système de Fenwou que nous appelions le 8.4. Nous l’avions évoqué comme cible. Plus facile d’accès que le 7.8, moins peuplé, moins bien défendu, le 8.4 nous aurait fourni une nouvelle victoire. Par contre, nous aurions été très loin du centre et de Shalimb, la capitale des Marges Orientales. L’empereur voulait aller vite. Si la conquête du 8.4 était logique, elle nous imposait une conquête faite de petits pas et de longueurs. Nous ne pouvions pas.
Je donnais l’ordre du départ avant que nos troupes s’entretuent. Dans six heures, les premières vagues d’assaut débarqueraient. Je ne suivais pas immédiatement. Les faux Tiakakner étaient aussi en route. Mes meutes de F55 seraient en éclaireurs. Leur rôle était de nettoyer l’espace pour faciliter le débarquement. Je surveillais l’ordre d’entrée dans le TET. Nous avions prévu plusieurs vagues. La deuxième entrait dans le TET quand les premiers retours m’arrivèrent. Les combats étaient acharnés. Contrairement à nos prévisions, le système 7.8 nous attendait de pied ferme. Le débarquement se passait mal. Les analystes s’étaient basés sur la destruction d’un vaisseau sur deux. Nous étions à quatre sur cinq. La tête de pont n’était pas sûre. Les croiseurs avaient fort à faire avec les corvettes ennemies. Nos lasers marchaient mal. Ils avaient contourné la difficulté de la peinture avec un champ de protection qui maintenait le colorant à distance de la coque. Par contre leurs missiles à fission avaient eu raison de deux de nos croiseurs. Je fis partir les croiseurs de renfort plus tôt. Ces six heures de combat restaient indécises. Nous allions nous installer dans la durée. Cela me semblait évident que le vainqueur serait celui qui pourrait amener le plus de forces sur place. En nombre l’armée des Marges Orientales comportait autant d’effectif que la nôtre. Mais elle devait rester répartie dans les différents lieux, alors que nous pouvions consacrer toutes nos forces sur un système.
Un message alarmant arriva sur les consoles. Les renforts ennemis arrivaient. Ils arrivaient plus vite que les nôtres. Nous allions nous faire déborder. Contre l’avis des analystes, je décidais d’aller voir.
- Vous ne pouvez pas, Général. Le TET est déjà en surcharge.
- Je sais, Général Chewnim. Je passerais par ailleurs.
- Mais vous n’allez pas abandonner votre poste !
- Non, je reste en communication avec vous. Mais les nôtres se font massacrer. Je ne peux pas rester les bras croisés à donner des ordres. Il faut que je voie ce qui se passe.
Tout le reste de la discussion tourna autour de cela. L’état major ne voulait pas que j’aille sur le terrain, trop dangereux, trop aléatoire. Dans le Ktanmor, je ne sentais pas le champ de bataille. Cela me rendait incapable de prendre une décision valable à mes yeux.
Ktanm se libéra du Ktanmor sous les imprécations et les menaces à peine voilées des généraux d’en appeler à l’Empereur.
- Tu as le don de les énerver !
- Eux aussi m’énervent, Ktanm. Je suis un chasseur pas un homme de bureau.
- Tu es général en chef de cette armée, Right. Ils ne peuvent pas comprendre ta position.
- Je ne peux pas être ce que je ne suis pas. Il faut que je sois là-bas.
Ktanm avait prévu un itinéraire complexe avec plusieurs sauts entre TET qui nous ferait gagner du temps par rapport au chemin normal. Cela nous donnerait aussi l’avantage de déboucher dans le système 7.8 ailleurs que près des combats
Les deux heures qui suivirent furent denses. Les sauts entre TET étaient des manœuvres complexes. Nous changions d’espace et de temps.
- Dernier saut, Right ! Nous arrivons.
Notre matérialisation se fit à distance du lieu de la bataille. Devant mes yeux-radars la situation était catastrophique. Les transports de troupes éventrés, les croiseurs en pièces, les escorteurs divers mis à mal, seuls les chasseurs semblaient s’en sortir à peu près. Sur la cinquième planète, la tête de pont se faisait pilonner. Sur la radio, le commandement de la force sur place demandait des renforts. Les champs de force qu’ils avaient déployés ne suffiraient pas. A la sortie du TET venant de 1MO, les chasseurs-bombardiers margiens larguaient des missiles à fission qui détruisaient tout ce qui se matérialisait, ou presque. Le peu de vaisseaux qui échappaient se trouvaient face à des forces supérieures en nombre et en armement.
- Tu vois Ktanm, ou ils avaient deviné, ou on les a prévenus de notre attaque. Il faut prévenir  qu’ils arrêtent d’envoyer des renforts.
- Oui, mais cela veut dire signaler notre présence.
En moi, j’avais l’odeur de la mort. Je me mis à réfléchir à la manière d’intervenir. L’adrénaline coula dans mes veines. Au fond de moi, je sentis le réveil de la rage intérieure. Attirée par l’odeur de la mort, désireuse d’y participer, elle prenait place dans mon être. Mes perceptions s’amplifièrent. La voix de Ktanm devint lointaine.
- J’ai envoyé le message, Right. Il y a déjà des chasseurs qui viennent vers nous.
Elle n’avait pas fini de parler que je prenais les commandes. J’eus vaguement conscience que Ktanm disait :
- Mais qu’est-ce que tu fais, Right ?
C’était trop tard. J’étais devenu … Je ne savais pas mais immense. Je sentais chaque être, chaque force qu’elle soit physique, biologique. Le temps se mit à ralentir, à moins que ce soit moi qui aie accéléré. Mon chasseur fit un bon en avant. J’entendis les pensées des pilotes des chasseurs-bombardiers margiens. « Tiakakner ! » Ce fut leur dernière pensée. La disrupteur les disloqua.
J’étais la rage, la fureur, l’implacable tueur se nourrissant de la peur de tous ces êtres. Je contrôlais le disrupteur qui m’ouvrait des CET. Grâce à eux, j’étais maître de l’espace et du temps. Mon esprit conçut le signe de la mort du système 7.8.  C’était une danse complexe dans l’espace du système planétaire. Elle tracerait dans la trame même de l’espace temps l’idéogramme antique de la mort. Alors toute vie y cesserait.
Je me mis à l’œuvre. Enfermé dans mon CET, je déchirais la trame de l’univers. J’écrivais avec une encre de néant la fin de millions d’êtres vivants. L’exaltation me gagnait. Cet idéographe serait un chef d’œuvre.
J’entendis la plainte monter. L’univers souffrait. J’introduisais la mort dans sa trame. Quand je mis la dernière touche à la dernière volte, une immense clameur retentit et stoppa net.
J’émergeais du CET. Sur mes yeux écrans, il n’y avait plus que débris et mort. J’étais vainqueur. VAINQUEUR !
- Right ! Right !
- Ktanm ?
- Qu’as-tu fait Right ?
- J’ai vaincu.
- Mais ils sont tous morts, les nôtres comme les autres.
- C’est le prix à payer, Ktanm. L’empereur a sa victoire. Les margiens ne se relèveront pas de ça.
Un croiseur margien émergea d’un TET. Il n’avait pas fini de se matérialiser que la clameur de leur mort retentit. Un de nos transports de troupe subit le même sort.
- Il faut arrêter cela Right ! C’est une horreur !
- On n’arrête pas un idéographe tracé dans la trame du monde. Regarde, il est beau.
Je projetais sur nos écrans communs, une reproduction de ce que j’avais fait. J’en trouvais la forme belle, glacée, glaçante, mais belle. Ktanm ne semblait pas comprendre. L’idéographe de la mort ne pouvait s’effacer. Tout ce qui pénétrerait dans ce système devait mourir. C’était l’ordre contenu dans la substance de l’espace temps local. Ni bactérie, ni humain ne pourraient survivre. Tous les vaisseaux qui arrivaient en renfort, devenaient une tombe volante. Sur les planètes, tout était redevenu minéral. Ktanm était protégée par son existence électronique. Seul, je survivais. Je me nourrissais de cette force. J’étais cette force. J’étais Tiakakner, l’antique ange-dieu de la mort.

dimanche 11 juillet 2010

samedi 10 juillet 2010

Souvenirs

vert d'aujourd'hui
gris d'avant
surgissement

vendredi 9 juillet 2010

jeudi 8 juillet 2010

mercredi 7 juillet 2010

Sixième épisode

Deuxième scène 

Pour les soldats, la vraie guerre venait de commencer. Mes chasseurs nous avaient donné la maîtrise des cieux. Il nous fallait maintenant conquérir les planètes. Le gouvernement des Marges Orientales refusait de se rendre. Pour commencer j’avais jeté mon dévolu sur un petit système assez excentré mais dont le réseau de TET pouvait nous être favorable. J’accompagnais les premières troupes. Leur débarquement sema la panique. Les combats furent courts. Les margiens manquaient de combattants sur ces planètes essentiellement agricoles. Je décidais de faire de ce système notre tête de pont. Il reçut le nom de code MO1. Deux planètes étaient habitables, une autre était utilisable pour nos bases. Elles devinrent 1MO1, 2MO1 et 3MO1. Leurs communications à longue distance se basaient sur des émetteurs à la limite de l’entrée des TET. Une manœuvre audacieuse d’un chasseur avait pu détruire ce relais avant que l’alerte soit donnée. Cela nous donnait un temps de secret avant que la nouvelle se répande. J’en profitais pour faire venir les éléments préfabriqués des bases qui nous seraient nécessaires.
Ce succès facile avait dopé le moral de mes troupes. Ils se voyaient déjà défilant sur Shalimb. Je savais moi qu'avant d'arriver au coeur des Marges Orientales, beaucoup de combats pas toujours victorieux nous attendaient. Nous avions la tête de pont maintenant, il nous fallait choisir une deuxième cible. Cela donna lieu à d'âpres discussions entre les différents états-majors des différentes armes. Au sortir d'une réunion épuisante où rien n'avait été décidé, je pensais avec nostalgie à la simplicité des combats quand on était chasseur. Je décidais d'aller voler un peu en solitaire pour me détendre et me reposer. J'avais fixé une autre réunion douze heures plus tard. Les autres généraux, plus anciens, plus aguerris aussi, m'en voulaient de mon commandement. J'étais sûr qu'ils n'attendaient qu'une chose : l'erreur qui me ferait chuter. En moi, je sentais se développer une haine de cette intelligentsia qui savait si bien parler, si bien faire de beaux discours et de belles théories. Quand Ktanm se désolidarisa du Ktanmor, je laissais mon esprit vagabonder sur les différentes options que nous avions passées en revue. Son accélération me cloua sur mon siège. Elle n'avait pas activé les champs de protection anti G et me rappelait ainsi à la réalité.
- Oh, doucement Ktanm !
- Tu rêvasses, Right!
- Non, pas vraiment. Je n'ai pas la science de la guerre que tous ces généraux possèdent. Cela me manque pour prévoir. Mes analystes manquent de données fiables pour prendre une décision et favoriser une option.
Ktanm enchaîna une série de figures compliquées. Je me recalais dans mon siège. Mon corps trouvait sa place et mes réflexes de pilotage revinrent.
- Je te laisse les commandes, Right!
Ktanm me lâcha le chasseur qui fit une embardée. Je rentrais à cent pour cent dans le pilotage, oubliant un temps les autres soucis. Voyant un TET, j'y entrais. Je regardais la carte. C'était un TET de moyenne distance. Je me laissais aller à dormir.
Deux heures plus tard, la sonnerie de sortie de TET me réveilla. J'observais avec mes yeux radars l'endroit où nous débouchions. Les carcasses des croiseurs flottaient encore. Nous étions sur le lieu de ma dernière bataille. Je reconnaissais les détails du système 7.2. Je pensais que lui aussi pourrait être une cible intéressante pour notre prochaine action. Je me dirigeais vers un des croiseurs. L'énorme trou central abritait toujours un CET. Je le sentais. Huit points lumineux apparurent en arrière, des chasseurs margiens. Ils tirèrent tous ensemble. Les faisceaux lasers ne m'inquiétaient pas. Mes boucliers pouvaient les encaisser. Le disrupteur était toujours avide d'énergie. Les autres échos m'intriguèrent, puis m'inquiétèrent : des missiles. Les margiens maîtrisaient les bombes à fission bien mieux que l'Empire. Contrairement aux rayons lumineux, les missiles et autres torpilles étaient capables de manoeuvrer. Ktanm qui les avait vus aussi, me dit :
- Contact dans 4 minutes.
- Peux-tu estimer la puissance ?
- Ce sont des nouveaux modèles et vu leur taille, je ne sais pas si nos boucliers peuvent encaisser.
En moi, la rage s'éveilla. Je sentis sa pulsation me monter du ventre vers le thorax. Ils croyaient me piéger avec leur nouvel armement.
- Right, je vais reprendre les commandes. Ça va être juste. Même avec le disrupteur, je ne suis pas sûre d'avoir tous les missiles.
Une autre bordée de missiles était partie juste derrière la première. Seize porteurs de mort filaient de toute leur puissance vers nous.
- Ktanm, on est trop loin d'un TET et le disrupteur n’a pas une cadence de tir assez grande, mais le croiseur le plus proche est à trois minutes de vol. On y va.
Je donnais la pleine puissance aux moteurs, prenant une allure de fuite devant la meute. Leur accélération était meilleure que la nôtre. Au mieux, nous allions gagner quelques minutes.
- Notre seule chance est qu’ils n’aient pas assez de combustible pour nous rejoindre.
En moi, la pulsation devint puissance. Je regardais les missiles. J’en vis l’intérieur. Les réserves de carburant suffisaient pour plusieurs heures de vol. Plus loin derrière, j’appréhendais les chasseurs margiens dans leur nature même. Plus rapides, plus puissants que Ktanm, ils possédaient encore des réserves de missiles. Je compris qu’ils avaient été conçus contre moi. Tiakakner devait disparaître. Les fous !
Je ralentis juste assez pour que les missiles pénètrent avec nous dans le CET. Là j’étais le seigneur Tiakakner. Par la force de ma volonté et mon désir de mort, je tordis le CET en accélérant. Incapables de suivre le train que je leur imposais, les missiles suivaient ma trace. Leurs ordinateurs de bord étaient trop limités pour faire autre chose. J’en modulais la forme, pour les grouper deux par deux. Je riais de ce que je préparais.
Je focalisais mon esprit sur les chasseurs ennemis. Je les sentais. Je sentais même leur perplexité devant ma disparition dans ce TET étrange né dans une carcasse de croiseur. Ils avaient pris position devant l’entrée, prêts à refaire feu. Parfait ! Je conduisis le CET comme un dessinateur utilise son crayon pour dessiner pleins et déliés. Ils m’attendaient devant eux, j’arrivais par derrière, refermant le CET sur les chasseurs margiens dans une boucle infernale. Les premiers missiles trop proches de moi, explosèrent en percutant un vaisseau ennemi. Les autres accélérèrent le plus vite possible. Un autre disparut dans la collision avec le second groupe de bombes volantes. J’accélérais, laissant sur place tous mes ennemis. Je suivais sans forcer les sinuosités du CET que j’avais tracé. C’était exaltant. Bientôt, sur mes yeux radars, je vis les flammes arrière des moteurs des missiles et pas très loin devant, les lueurs des moteurs des vaisseaux margiens. La boucle était bouclée.  Je les avais enfermés dans ce CET comme dans un circuit de jeu vidéo. Je hurlais de rire tout en basculant dans un CET voisin.
J’étais très fier de moi en retrouvant l’espace normal. Je décidais de jouer encore un peu en passant de CET en CET.
- Right, qu'est ce qu'ils vont devenir dans leur boucle de CET?
- Ils vont mourir, soit en rencontrant un de leurs missiles, soit parce qu'ils n'auront plus d'air.
- Comment fais-tu pour arriver à cela ?
- Je le veux et cela se fait.
- Nous n'avons que le temps de rentrer pour ta réunion.
Je ne laissais pas faire Ktanm. J'étais encore trop Tiakakner. Mes généraux m'attendraient si besoin. J'étais le patron dans les Marges. Je repensais aux options qu'ils m'avaient proposées. Je sentis le piège dans l'attaque du système 7.8. Une défaite était plus que probable. Ce système très industrialisé était puissamment défendu. L'autre option était encore un système agricole et forestier. Son attaque nous donnerait une nouvelle base mais stratégiquement nous éloignerait de nos buts. Restait le piège qu'ils me tendaient. Ils avaient essayé, à travers des discours compliqués de me montrer que le mieux était d’attaquer le 7.8. Je ne comprenais pas où était la chausse-trappe, mais elle y était. Je la sentais. Ils me voulaient là, j’y serais. Ils pensaient que j’échouerais, ils avaient tort.
J’avançais dans le CET. Le déployant pour rentrer vers 1MO1, je sentais le grand espace autour de moi. La compréhension des lignes de forces de la fédération des Marges Orientales m’apparut. Le piège devenait évident. Le système 7.8 était relié par des TET courts à plusieurs grands systèmes fortement armés. L’attaquer revenait à avoir toutes les forces des Marges sur le dos. Le détruire mettrait les Marges à genoux. Y amener des troupes était possible mais jamais nous ne pourrions à travers un seul TET en apporter assez pour tenir face aux Margiens et aux renforts qui pourraient arriver par la dizaine de TET. Il me fallait un plan, différent bien sûr de celui que me proposaient les généraux.
Je sentais Ktanm mal à l’aise dans le CET. J’en parlais avec elle. Je savais qu’elle n’aimait pas ce lieu incertain. Ses perceptions étaient perturbées par mon action. Elle me disait que je tordais l’espace avec mes CET. Je n’en respectais pas les règles. Cela me laissait indifférent puisque je gagnais ainsi mes combats. Notre discussion dura jusqu’à notre arrivée aux abords du système MO1. Je nous fis basculer dans un TET classique et lui laissais les commandes pour revenir au Ktanmor. Dans deux heures, je serais face aux généraux. Il fallait que je trouve un plan.
Notre accrochage se fit parfaitement. J’allais sortir quand Ktanm me dit :
- Fais attention à toi, Right. Je n’aime pas du tout cette histoire.
Je balbutiais quelques mots de réconfort. La rage des combats m’avait quitté. L’inquiétude montait en moi. Je retrouvais ma cellule d’analystes.
- Alors, qu’avez-vous à me proposer ?
- L’attaque du système 7.8 semble une bonne solution mais les risques sont grands. D’après la carte des TET faite par vos chasseurs, il existe un réseau dense entre ce système et d’autres. Malgré cela les généraux sont persuadés que là est la meilleure cible. Gagner le 7.8 donnera une victoire rapide.
- L’empereur désire une victoire rapide, ajouta un des analystes impériaux.
- Donc cela clôt le débat. Nous allons obéir à l’Empereur.
Je me dirigeais vers la salle d'état major. J'avais un sale goût dans la bouche.

dimanche 4 juillet 2010

samedi 3 juillet 2010

vendredi 2 juillet 2010

jeudi 1 juillet 2010