J’étais comme souvent, perdu dans un lieu mal connu. Un temps incertain composé de bruine et de brouillard, m’avait fait perdre mes repères. Peut-être est-ce que mon attention, toute tournée vers des chemins intérieurs, avait oublié le monde du réel ? Dans cette brume, le jour déclinait rendant plus improbable encore, la découverte d’un indice qui aurait pu me remettre sur mon chemin.
Découragé, je m’arrêtais. A quoi bon continuer à marcher vers là -bas, quand on ne sait pas où est là-bas. L’endroit semblait désert. De part et d’autre je devinais les bords d’un vallon. L’herbe était fournie, bien verte, pas très haute. Dans cette fin de jour laiteux, ma vision ne dépassait pas quelques dizaines de mètres. Un peu plus loin, je voyais une masse indistincte, plus sombre, m’évoquant un bois. Le chemin sur lequel je m’étais égaré, était désert. Pas de vent, pas de pluie, quelques bruits anodins et étouffés, je me dis qu’après tout, je pouvais bien planter mon bivouac ici. J’avais de l’eau, quelques provisions, une tente, un réchaud. Le luxe, quoi !
La nuit était tout à fait tombée maintenant. La brume s’était épaissie. Elle me cachait les étoiles, seule la lumière de la lune diffusait un peu. C’est alors que j’entendis le bruit, régulier et sourd, comme un martèlement lent qui augmentait. Sans être vraiment inquiet, je m’interrogeais. Ce bruit ne m’était pas familier. Dans mon esprit, aucune image ne se formait. Cela se rapprochait. L’angoisse s’insinua en moi. Je ne savais pas ce que cela pouvait être, mais une chose était sûre, c’était gros et sûrement dangereux. J’allais m’enfuir en hurlant quand, après un dernier bruit d’arbres brisés, tout s’arrêta.
Le silence revint, encore plus oppressant. Cette satanée brume prenait des allures de cauchemars, revenaient à mon esprit, toutes les images de mes peurs d’enfant. Doucement les bruits de la nature revinrent. Ce fut le hululement d’un hibou qui me glaça le sang, puis un petit souffle de vent fit onduler l’herbe. Le temps passait, pourtant je ne ressentais pas le besoin de dormir. Mes yeux cherchaient à percer la brume qui ondulait sous la brise en se déchirant petit à petit. Je sentais une présence, comme lorsque quelqu’un vous observe. Toujours debout, je scrutais les formes qui se précisaient sous la lumière blanche de la nuit. Tout était normal. J’avais monté ma tente dans un petit vallon herbeux. Un peu plus loin je voyais ou plutôt je devinais un bois avec un vieux pont qui essayait de faire se rejoindre les deux bords. Cela m’a troublé ce pont trop court. Maintenant que la visibilité était meilleure, je ne comprenais pas ce qu’il avait bien pu relier. Je me dirigeais vers lui. Mon sentiment d’une présence augmentait. La peur m’avait quitté. Je ne sentais pas d’hostilité, non, je dirais plutôt de l’intérêt. Plus près, d’autres détails me choquèrent. Le pont n’avait pas l’air d’être à sa place ici. Arrivé auprès de lui, je vis des branches écrasées qui avaient tout l’air de sortir de sous une de ses piles.
Je dis tout haut : « Je rêve ! ».
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