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vendredi 7 mai 2010

Cinquième épisode

Quatrième scène, deuxième partie 


Je ne ressentais pas de crainte. Il avançait rapidement. Une place s'ouvrit devant nous. Un groupe d'êtres semblables à mon guide se tenait là. Je m'arrêtais. Celui qui m'avait amené là, rejoignit le groupe. Il se mit à parler :
- Aseoariu frapnetoq.
- Je ne vous comprends pas.
S'avançant vers moi, le plus grand des êtres mit deux doigts sur mon front. Une chaleur envahit mon crâne.
- Aseoariu entend la parole.
Se retournant vers les autres, il ajouta :
- Maintenant il nous comprend.
- Qui êtes-vous ?
- Nous sommes les habitants de ce système solaire.
- Mais nos sondes n’ont rien montré.
- Aseoariu et les siens ne savent pas chercher. Ils s’arrêtent à la surface des vérités. Nous habitons une autre dimension que celle qu’ils connaissent.
- Pourquoi m’avez-vous fait venir ?
- Aseoariu et les siens ont fait venir le feu brutal qui brise la matière et ses dimensions. La brèche est ouverte et l’antique Dieu veut revenir.
- Nous n’y sommes pour rien. Ce sont nos ennemis qui ont bombardé…
- Ennemis-amis, Aseoariu est comme les siens. Il fait des distinctions subtiles pour ne pas voir sa responsabilité. Aseoariu et les siens ne savent pas ce qu’ils font. Pour eux le feu brutal est sans conséquence. La planète a été bouleversée dans sa vie profonde et l’antique Dieu infernal va surgir.
- Mais qu’est ce que je peux y faire ?
- Aseoariu a été choisi car il entend ce que les siens n’entendent pas.  Aseoariu va  venir en aide au peuple des Vrais Vivants.
- Et pourquoi ferais-je cela ?
- Pour ne pas mourir selon la vérité du rêve.
- C’est vous qui m’avez envoyé ce cauchemar ???
- Aseoariu doit savoir ce qui l’attend si ce qui est nécessaire n’est pas fait.
- Mais qu’est ce qui est nécessaire ?
- Contenir le dieu antique et infernal.
J’avais l’impression de tourner en rond. Leurs paroles me posaient plus de questions qu’elles ne m’amenaient de réponses. Où étais-je ? Qui étaient-ils ? Ils ne pouvaient pas être les habitants de la planète, nos sondes les auraient découverts. Un piège ! J’étais sûrement tombé dans un piège. Ma curiosité m’avait entraîné là où il ne fallait pas. Maintenant comment m’en sortir.
- Aseoariu craint un piège mais il a tort. Les Vrais Vivants ont besoin de Aseoariu. Lui seul sauver le monde des Vrais Vivants.
- Expliquez-vous !
- Aseoariu ne voit que la surface des choses. Nous les vrais Vivants nous sommes les forces qui sont. Depuis des temps et des temps nous cultivons et nous nous nourrissons des forces qui tendent et sous-tendent le monde que Aseoariu et les siens croient seul et unique.
- Alors qu’attendez-vous de moi ?
- Aseoariu est de la lignée de Celui qui vient. Il peut contenir le dieu antique.
Je commençais à m’énerver. Ma colère explosa quand ils me répétèrent avec d’autres mots ce qu’ils m’avaient déjà dit. Le monde lumineux et coloré autour de nous sembla s’éteindre. Les couleurs s’assombrirent. Des éclairs rouge sombre zébrèrent le ciel. A chaque extrémité du groupe, une entité tomba à genoux et se mit à psalmodier, les bras étendus. Celle qui était au centre reprit la parole. Elle m’expliqua sur une voix monocorde presque hypnotique, les règles de leurs mondes. Pour que je puisse entrer en contact avec eux, ils avaient mis en œuvre beaucoup d’énergie. Un humain ne pouvait pas normalement se promener dans ce monde qui n’existait pas pour lui. J’étais une exception. Les bombardements avec des armes à fission avaient déstabilisé la planète. Les forces souterraines qui avaient mis des millénaires à se stabiliser et que normalement ils contrôlaient, avaient repris leurs affrontements. Dans leur représentation du monde, ces forces étaient celles du dieu antique et infernal. Leurs pouvoirs étaient insuffisants pour les contenir. Seul moi les avais. Mes interrogations sur le comment restèrent sans réponse.
Sur un geste spiralé de l'entité centrale, le décor changea. Une vaste porte de pierre fumait. Derrière se tenait le dieu antique et infernal. Par les interstices et au niveau de ce qui pouvait servir de pivot, un rougeoiement de mauvais augure témoignait de la présence des forces incontrôlées.
- Vois Aseoariu ! Vois ! Si cette porte s'ouvre, et le monde d'Aseoariu et le nôtre souffriront. Le monde d'Aseoariu survivra mais Aseoariu subira ce que le rêve a révélé.
Je fermais les yeux en hurlant :
- NON !!!!
Quand je les rouvris, j'étais devant mon campement, le soleil à l'horizon, éclairait de rouge sang le paysage alentour. Délaissant les méandres des roches, je courus à mon abri. Je n'avais qu'une idée en tête : détruire ces malfaisants avant qu'ils ne perturbent le monde en répandant leurs cauchemars. Je sautais sur mon armement. Dans le crépitement de mes armes, je déchargeais mon angoisse en vitrifiant le sol devant  moi.
Je m'arrêtais haletant. La chaleur de la terre en fusion était forte et m'incommodait. Je ne voulais ni faire ce qu'ils m'avaient demandé, ni vivre ce que le cauchemar m'évoquait. Pourtant je n'arrivais pas à ôter de mon esprit le ressenti du mauvais rêve. Il était trop dans le domaine du possible. Je passais le reste de la journée dans un état de confusion tel que je n'en avais jamais connu. Le soir tombait quand j'allais sur le RésOrd. Ktanm m'avait répondu et m'annonçait son retour avec de l'avance. Je découvris qu'elle m'avait écrit plusieurs fois. Je vérifiais les dates. J'avais changé de dimension pendant trois jours pleins pour revenir au début du huitième jour de la décade. Demain Ktanm serait là. Je rêvais de reprendre notre vie d'avant tout en sachant que cela ne serait plus possible. Elle m'avait caché trop de choses. Quant à moi, ce que j'avais vécu me fragilisait.

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