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vendredi 12 mars 2010

Troisième épisode


Scène deux


J'avais tout de suite détesté la lune 4 de Kxioc. On y vivait dans la nuit et le froid en permanence. Les seuls moments de plaisir étaient les vols, même s'ils étaient routiniers. Le système de Kxioc était la Base arrière de l'empire dans cette région de la galaxie. Chaque planète avait son utilité dans la maintenance, la construction ou la réparation des vaisseaux de la flotte. Quasiment peuplée de soldats, les seuls lieux de plaisirs y étaient artificiels. Il n'y avait pas de planète de type terrestre et les planètes rocheuses sur lesquelles étaient les différentes bases étaient soit trop chaudes, soit trop froides mais jamais agréables. La discipline était rigoureuse. Trop de personnels supportaient mal l'ambiance de ce système. La police militaire et la police privée de l'empereur étaient omniprésentes. Tout le monde se méfiait de tout le monde.
J'étais heureux dans mon cockpit de m'éloigner de la lune 4. J'avais la position d'ailier bâbord et  Siintha était à tribord. Notre leader était un vieux troisième galon bloqué dans son avancement en raison de sa relative indiscipline. Il ne parlait pas dans son micro, il aboyait.  Le dernier du groupe était Simpalaise. La place de charognard était à elle, elle l’avait dit au troisième galon sur un ton qui n’admettait aucune réplique et curieusement, il avait acquiescé sans un mot. C’était la plus âgée du groupe. Issue d’une vieille famille guerrière de Simpalaa, elle avait piloté à peu près tout ce qui se fait. C’est elle qui avait choisi de revenir sur chasseur et avait exigé du commandement d’être affectée sur F54b. Quand je lui avais demandé pourquoi revenir sur ce type d’appareil, elle m’avait répondu :
-Je l’aime.
Je n’avais pas osé aller plus loin. Elle avait un regard décourageant toute velléité d’interrogatoire. Elle jouissait en plus d’une réputation de survivante. Elle avait participé à tant de combats et de batailles que personne n’en connaissait le nombre exact. Ce qui était sûr, c’est qu’elle avait toujours ramené son appareil sur une base. On disait d’elle que même un amiral lui devait la vie. A la bataille de STEL104, elle avait ramené le croiseur lourd de classe 1 seule. Touché violemment par des mines larguées ennemies, le vaisseau amiral avait gardé son cap grâce à elle. Surentraînée, elle avait été capable de verrouiller son scaphandre avant la dépressurisation totale. Le haut commandement de la flotte enfermé dans son bunker blindé au cœur du croiseur avait suivi ses efforts par intercom interposé. Elle n’en parlait jamais. D’ailleurs elle parlait peu. Ce qu’on savait sur la base venait du RésOrd, bien évidemment.
La mission du jour était une routine. Avec notre leader, la routine n’existait pas. Il nous imposait de rester sur le qui-vive en permanence. Irrégulièrement, il déclenchait une alerte à l'intrusion. Il refusait aussi de suivre le plan de vol déposé. Nous passions de manière aléatoire par les TET pour ressortir à l'autre bout du système. J'aimais ces vols toujours très techniques. Nous mettions notre honneur à rester en formation malgré les aléas de nos trajectoires.
Nous sortions d'un TET près de l'astéroïde 107, dernier planétoïde important en orbite, lorsque l'alerte intrusion sonna une nouvelle fois. Soolims hurla dans son micro :
- Maraudeurs en secteur 12 ! Eclate 4
Le groupe éclata en suivant la procédure 4 que Soolims nous avait fait répéter des centaines de fois. Siintha hurla à son tour:
- Six chasseurs, une corvette !
Mes capteurs me confirmèrent la réalité de l'alerte. Je ressentais en arrière tribord la présence de ces vaisseaux étrangers. Les ordinateurs de bord rejetaient les codes d'identification et transmettaient au centre opérationnel l'intrusion.
L'adrénaline m'envahit. On n'était plus à l'exercice. J'allais vivre mon premier combat...et peut-être le dernier.

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