Membres

jeudi 1 avril 2010

Quatrième épisode

Scène quatre




Le commandant de la base de chasseurs de la lune Alpha avait failli me sauter au cou. Il repartait vers les planètes intérieures pour prendre un poste dans une escadrille de FF54. Etre basé sur la lune Alpha était une punition même si la mutation était assortie d'une promotion. Les pilotes étaient tous des mutés pour raisons disciplinaires ou pour étouffer des affaires dont le commandement préférait ne pas parler. 
- Ne te mêle pas des affaires de Skatn.
La voix de Ktanm résonnait encore à mes oreilles quand je rencontrai le major Skatn. En fait c’est lui qui dirigeait tout sur la base. J’avais été voir sur le résOrd qui curieusement, était pauvre. J’avais vu sa fiche militaire. J’avais appris qu’il venait d’un monde lointain dans l’autre bras de la galaxie. Rien ne ressortait de ce pourquoi il était là. En dehors des fiches officielles, aucun détail ne trahissait sa personnalité. Qu’il dirige, cela m’arrangeait. Je pourrais ainsi continuer à voler et lui laisser le travail administratif. J’avais vite déchanté. S’il maintenait une discipline de fer, les punitions étaient fréquentes et pas forcément justifiées à mes yeux.
Après cinq jours, je me disais que je ne pourrais laisser les choses comme cela sans intervenir. Il imitait ma signature électronique. Normalement infalsifiable, la puce qui était dans mon poignet gauche servait à authentifier les textes et les décisions. Je savais que certains savaient falsifier ces puces codées, mais normalement celles implantées chez les personnels militaires étaient à l’abri de ces ennuis.
Notre retour à la base s’effectua au moment d’un lever de l’étoile d’Endoor sur les lointains de la lune Alpha. Cela correspondait à la fin d’un jour standard sous les dômes cristallo-métalliques. J’avais programmé une réunion avec Skatn pour régler les problèmes du jour. Honnêtement, c’est lui qui m’avait demandé de passer pour signer la « paperasse ».
- Ah ! Commandant, c’est gentil à vous d’être passé.
Rien que d’entendre sa voix, je sentais mes poils se hérisser. Cette douceur et cette onctuosité me déplaisaient.
- Oui Major, il faut que nous parlions.
- C’est toujours un plaisir de discuter avec vous, Commandant.
Je pensais : « Quel menteur ! ». Pensant qu’il valait mieux attaquer je commençais :
- J’ai vu passer des ordres signés de mon chiffre ; pouvez-vous m’expliquer cela Major ?
- Ah ! Ce n’est rien, Commandant. Cela ne vaut pas la peine de s’en faire. Je sais comme vous êtes débordé et pris par vos vols. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous faciliter la vie.
- Comment obtenez-vous mon chiffre puisque la puce est sur mon bras ?
- Les talents sur la lune Alpha sont nombreux. Il suffit de savoir les trouver et les solliciter.
- Mais ce sont des faux !
- Pensez-vous, Commandant ! Non, non, juste des facilités pour que vous puissiez être libre de faire ce que bon vous semble. Vous m’avez dit de faire au mieux pour que l’administratif ne vous dérange pas.
- Je ne vous ai pas demandé de faire des faux !
- Mais ce ne sont pas des faux, commandant. Je suis sûr que vous comprenez que des documents signés de votre chiffre inviolable seront authentifiés sans problème d’autant plus s’ils portent votre code génétique et vos empreintes. D’ailleurs regardez, j’ai là un bordereau tout à fait authentifiable qui envoie, curieusement, du carburant vers une destination assez floue.
Un sentiment de panique m'envahit. Je commençais à comprendre ce qu'avait ressenti mon prédécesseur. Je savais qu'il avait raison. Devant un tribunal, le document était parfait pour m'impliquer dans un trafic quelconque. J’étais arrivé en pensant que je serais le patron. je m'apercevais que d'autres tiraient les ficelles avec une maîtrise que j'étais loin de posséder. J'examinais le document qu'il m'avait passé. Mes empreintes digitales seraient même parfaitement authentiques, ainsi que mon ADN. Le système d'Endoor était jeune et comme tel n'avait pas tous les TET ouverts. Cela compliquait les communications en rendant impossible l'usage des ultra-ondes. La surveillance de l'Empire était donc très partielle. L'Empereur comptait surtout sur son réseau de renseignements. Je me demandais ce que faisaient ses agents face à cette situation. Il me fallait prendre une décision. Skatn attendait le sourire aux lèvres, les yeux mi clos comme un chat qui guette une souris. 
Il me fallait du temps. Je positionnais le document pour qu’il s’ouvre. Je ne fus pas surpris de me voir donner l’ordre à un ravitailleur d’aller attendre je sais pas où un vaisseau inconnu pour transférer le carburant. Une envie de meurtre montait en moi. Dans quelle mesure pouvais-je me permettre de le tuer ? Je n’avais pas de preuve de ma bonne foi et il le savait. Si je provoquais la crise, l’enquête me disculperait mais en attendant ses conclusions, je ne pourrais pas voler.
- Je vois que vous agissez toujours au mieux, major.
- J’essaye, commandant, j’essaye.
Je n’avais plus qu’à faire comme mon prédécesseur et attendre la relève, ou agir mais avec discrétion. Il avait sûrement un réseau très organisé. Il fallait que j’en parle à Ktanm.
Sûr de ma capitulation, le major me présenta les documents à signer. La rage me tenait le ventre.
Une nouvelle alerte retenti. Sur La lune Alpha, nous passions notre temps à être en alerte. C’était exercice sur exercice. Celle-ci m’étonna un peu. En tant que commandant de la base, j’en fixais le planning. Je ne me rappelais pas de cet horaire. Ktanm l’aurait-elle déclenchée pour me sortir du bureau du major ?
Je me joignis à la course des pilotes vers leurs appareils. La dernière vision que j’eus du major, était celle d’un homme satisfait qui rangeait ses documents. La haine m’envahit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire